La bibliothèque du Chesnay constitue pour la ville le premier espace culturel. Un coin lecture avec des journaux est accessible à tous. Pourtant, le profil du lecteur type est en majorité celui d’un.e senior, souvent retraité.e. La jeunesse du lectorat de la presse écrite équivaut à la tranche des quarantenaires.
« Mes parents étaient de droite, alors c’était toujours Le Figaro, j’ai simplement conservé l’habitude. Mais vu le prix de l’abonnement, je ne peux pas me permettre. Pour moi, c’est important de conserver cet espace, parce que je ne suis pas la seule. Je pense que ça peut inciter une génération plus jeune aussi. Je ne suis pas de cette génération connectée, donc l’abonnement numérique, on oublie ! ». Odile, 74 ans, se rend ici à fréquence régulière pour consulter gratuitement la presse écrite. C’est une habituée du Figaro, et ce depuis plusieurs décennies.
L’ensemble des grands titres sont disponibles à la lecture : Le Monde, Le Figaro, Libération, Le Parisien, L’Équipe, et quelques autres encore. Der Spiegel est présent, la ville étant jumelée avec celle d’Heppenheim, en Allemagne.

En observant la moyenne d’âge des lecteurs, celle-ci témoigne d’un lien fort entre journal papier et senior. À l’inverse, elle témoigne d’un désintérêt de la jeunesse, ne descendant pas en dessous de la quarantaine. Mathieu accompagne ses enfant tous les mercredis, et s’installe au coin des journaux pendant environ demi-heure : « J’ai commencé à lire le journal à l’université, et depuis, je suis restée fidèle au Figaro car c’est le premier auquel j’avais accès à l’époque, la version étudiante ».

Un marché en crise
Le prix des matières premières, d’impression et de distribution augmente, et l’abonnement à la version imprimée quotidienne est très cher. Le marché de la presse écrite est en crise, les ventes ayant diminué de manière considérable dans les dernières décennies. L’accès à l’actualité s’est répandu de manière virale, et les réseaux sociaux se sont substitués aux moyens traditionnels de d’information.
Différents avis sur l’avenir de cette presse
Concernant l’avenir du journal papier, Odile n’est pas très optimiste. Selon elle, c’est un cercle vicieux, moins de monde achète la version papier donc les prix augmentent, ce qui dissuade encore davantage. Anna, 66 ans, lectrice du Monde, est plus positive pour son journal : « Selon moi, Le Monde est le seul qui se diversifie, et offre encore des reportages de fond, avec un réel travail de recherche. Il se renouvelle avec des hors-série, et réussit à s’équilibrer avec la version numérique, le magazine du weekend. C’est aujourd’hui la référence en termes de qualité, et les vrais lecteurs de presse écrite se rattachent principalement à lui. »
Le marché de la presse numérique prend le dessus sur le papier. Le sacrifice de temps qu’inclut la lecture de la version imprimée s’oppose à l’instantanéité des informations qui circulent en ligne, avec en complément des vidéos et un sentiment accru de proximité. Mathieu souligne « Comme je le disais, j’ai pris le réflexe de lire le journal vers 18 ans, et ce n’est plus le cas pour les générations actuelles. Je ne crois pas qu’il y ait encore de distribution dans les universités, il faudrait inciter le nouvel âge et mettre en avant le plaisir de lire en papier ». D’après Robert, lecteur de 87 ans franco-américain, même si la presse française semble affronter avec difficulté les nouveaux enjeux, la presse anglo-saxonne a su s’y adapter et continue de perdurer, alors pourquoi pas la France aussi.
Ingrid Gallois
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