Lola Carré : « Pour [mes parents] ça a été très dur, ils m’envoyaient souvent des mots pour me rappeler à quel point je leur manquais. »

Lola, 19 ans, a toujours vécu à Nîmes avec ses parents. Ella a déménagé à Paris seule lorsqu’elle a été prise à Dauphine. Lola s’est très vite intégrée à la vie étudiante en rejoignant l’association de photos Phinedo et en ne ratant aucune soirée ou séjour dauphinois. Malgré tout, elle nous raconte le manque qu’elle ressent pour sa ville natale et pour sa famille.

Vous avez toujours vécu à Nîmes, qu’est ce qui vous manque le plus lorsque vous êtes à Paris ?

Étant née à Nîmes, j’ai toujours eu un attachement à cette ville, à sa culture et à ses monuments. Même si Paris est une ville magnifique d’un point de vue historique, j’aime beaucoup le côté romain de ma ville. Par ailleurs, les températures sont beaucoup plus agréables à Nîmes qu’à Paris. Il fait très beau et chaud pendant une majeure partie de l’année. Enfin, je dirais que c’est le cadre de vie que j’avais à Nîmes qui me manque le plus. Que ce soit mon lycée, ma maison avec une piscine, la culture taurine que j’apprécie et les fêtes de village qui font partie de la culture nîmoise.

Comment avez-vous vécu la séparation avec vos parents lorsque vous avez emménagé seule à Paris ?

Dans un premier ça m’a paru assez facile mais c’est quand j’ai officiellement emménagé en septembre que ça a été compliqué. Cette séparation a été brutale car je me suis retrouvée seule d’un jour à l’autre. Il y a eu beaucoup de larmes, de tristesse. Mais il faut dire que la période de Dauphine pendant les premiers mois a été tellement intense niveau intégration, bars de recrutement, rencontres de nouvelles personnes que je n’avais pas trop le temps d’y penser. Dès l’approche de la période des partiels, je me suis rappelée que j’étais seule. Mais étrangement, c’est cette année, en L2, que j’ai le plus ressenti le manque de mes parents, je ne sais pas trop pourquoi. Je pense que c’est parce que les cours me plaisent moins.

Tu es enfant unique, n’a t’il pas été difficile pour tes parents de te voir partir du jour au lendemain ?

J’avais peur de laisser mes parents seuls en partant, sachant qu’ils m’ont eu très vite après leur rencontre donc ils n’avaient jamais vraiment vécu ce moment de partage à deux. J’avais vraiment envie de maintenir ce lien avec eux pour ne pas les laisser “seuls”. Pour eux ça a été très dur, ils m’envoyaient souvent des petits mots où ils me rappelaient à quel point je leur manquais. Des « je t’aime » ou « tu me manques » qui réchauffent toujours le cœur.

Les parents de Lola en visite à Paris

Comment gardes-tu contact avec tes parents pendant l’année ?

Mes parents m’envoient souvent des lettres avec des photos imprimées. Je les conserve toutes dans un tiroir et je les lis lorsque je ne vais pas très bien. On a aussi un groupe Whatsapp où on s’envoie des photos et des messages tous les jours. Pour la petite anecdote, chaque matin je leur envoie une photo de moi dans le miroir de l’ascenseur de ma résidence. Pour Noël, ils m’ont d’ailleurs offert un album photo de toutes ces photos que je leur avais envoyées pendant un an. C’était vraiment un moyen pour moi de garder contact avec eux. Ils étaient au courant de tout ce qui se passait à Dauphine que ce soit les soirées, mes nouveaux amis, les cours, etc. Ils ont toujours été au centre et au courant de tout ce que je faisais. On s’appelle aussi au moins deux fois par semaine en facetime pour maintenir ce lien.

Tes parents n’ont pas fait d’études, mais toi tu es à Dauphine et tu te projettes déjà vers un master. En te basant sur ton expérience personnelles, que répondrais à ceux qui disent que l’ascenseur social est en panne en France ?

Mes parents n’ont pas fait des études, n’ont pas eu le bac mais on peut dire qu’ils se sont “faits tous seuls”. Ils ont très vite travaillé seuls de leur côté pour arriver à ce qu’ils sont aujourd’hui. Ils sont devenus des gens expérimentés et respectés dans leurs métiers respectifs. Selon moi, ce qui pose problème en France, c’est le fait que les enfants suivent souvent les pas de leurs parents. Cette très forte reproduction sociale bride l’émancipation des enfants. Au contraire, mes parents m’ont toujours poussé à suivre mes envies et à me mettre des ambitions hautes même si ça voulait dire que je devais aller faire mes études loin d’eux.

Comment parviens-tu à rendre tes parents fiers au quotidien ?

Mes parents sont très fiers de moi car je suis arrivée à Dauphine par moi-même. Ils sont très fiers que je me débrouille aussi bien seule à Paris, que je me sois adaptée aussi rapidement. Être là aujourd’hui en étant un peu partie de rien me rend très fier. J’ai jamais eu de profs particuliers et j’ai toujours eu des parents qui m’ont poussé à faire le meilleur de moi-même et je pense que c’est ce que j’ai fait aujourd’hui. Je ne regrette pas mon choix et je sais qu’ils seront derrière moi pour me soutenir quoiqu’il arrive.

Propos recueillis par Camille Fournier

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