Ingrid Gallois : « Je me suis dit qu’être photo-reporter pouvait peut-être m’intéresser. »

Ingrid pensive, © Juliette Bricage

Ingrid Gallois, étudiante de dix-neuf ans à l’Université Paris Dauphine, nous partage son goût pour l’art qu’elle exprime au travers du dessin et de ses sorties. Elle nous parle aussi de sa découverte récente du métier de photo-reporter.

D’où vient votre intérêt pour l’art ?

Il y a beaucoup d’artistes dans ma famille, surtout des architectes. La personne la plus proche de moi est mon père, qui dessine beaucoup et qui aurait dû être architecte. Il en est fan et j’ai beaucoup de livre sur le propos chez moi. Et j’ai ma mère qui ne pratique pas mais qui adore faire des expos, m’emmène beaucoup à des spectacles et lit beaucoup de livres. Elle n’est pas artiste mais a une fibre artistique. Mon cercle familial stimule ma créativité et mon côté artistique. Mes cousines sont architectes mon grand-père s’est marié une deuxième fois avec une femme de la famille de Carlo Sarabezolles, un très grand sculpteur.

Vous avez déjà fait une vidéo pour le cours de journalisme où vous dessiniez une histoire bouleversante pour vous, dessiner vous permet-il d’extérioriser vos émotions, comme écrire pourrait le faire pour quelqu’un d’autre ?

J’écris beaucoup aussi. Je pense que ça veut forcément dire quelque chose. J’ai un carnet qui s’appelle « Notes pour plus tard » où j’écris chaque jour plus ou moins ce qui se passe dans ma vie ou ce qui me parait important. Sur les pages d’à côté je dessine un truc qui me parait sympa. Je suis très en retard. Le problème du dessin c’est que ça prend du temps. Au lycée je dessinais dans mes cahiers de cours mais maintenant on est sur ordi et si on ne suit pas c’est plus problématique. Je n’ai pas le temps et je ne prends pas le temps non plus. Sur la question d’extérioriser, oui forcément. Les périodes où je ne me sens pas bien sont celles où je dessine le plus. Parfois ce n’est même pas un dessin mais juste le fait de crayonner. C’est une manière de m’exprimer qui me permet de sortir de mon enfermement mental, répétitif et parfois insupportable. Je me concentre sur autre chose. Ça a un côté thérapeutique, comme le piano. En général, les dessins que je fais sont représentatifs de mon état d’esprit. 

Comment vous intéressez-vous à l’art ?

Il y a énormément de formes d’art qui m’intéressent. Je dessine beaucoup mais j’aime aussi la musique – je joue du piano – j’adore prendre des photos, voir des spectacles de danse, de théâtre, d’opéra. Le truc principal est que je vais à énormément d’expositions, comme en témoignent toutes mes affiches (voir la vidéo). J’y vais quand je voyage, quand je suis à Paris, quand j’ai le temps. C’est surtout ma mère qui m’y emmène d’ailleurs. Mes préférées sont celles de photos, surtout celles de photo-reporters, mais de mode aussi. J’ai découvert les expos qui combinent deux arts ; celle où je suis allée c’étaient des photos d’Algérie de Raymon Depardon associées aux mots et phrases d’un écrivain algérien, Kamel Daoud, à l’Institut du monde arabe : « Son oeil dans ma main. Algérie 1961-2019 ». Je trouve ça intéressant parce que ça met en valeur les photos et ça se répond. Je voyage souvent en Italie avec ma famille et on visite des musées, des monuments. Tous les lieux historiques m’intéressent, en Italie comme à Paris, c’est facile d’en trouver et c’est hyper sympa. 

Qu’est-ce qui te plaît dans l’art ?

Ça dépend quel art. Pour la photo ce qui me plait ce sont les photos journalistiques et les photos de mode. Cartier-Bresson, un photo-reporter a dit : « Le photographe est pour moi l’impulsion spontanée d’une attention visuelle perpétuelle qui saisit l’instant et son éternité. Le dessin lui, par sa graphologie élabore ce que notre conscience a saisi de cet instant. La photo est une action immédiate, le dessin une imitation. ». On peut aussi comparer la photo à la vidéo, qui a tendance à s’éterniser et qu’on peut facilement couper. La photo au contraire est choisie. Le photo reportage se passe souvent dans des contextes très compliqués comme des situations de guerre et ça a un message, une portée, ce n’est pas juste « tu prends des belles photos ».

Ce qui est cool dans l’art, c’est que chacun y met ce qu’il veut. Déjà ça se traduit par toutes les formes d’art, si tu as envie de t’exprimer en construisant une maison ou en prenant une photo dans la rue, les deux façons sont légitimes. En plus de ça, tu peux avoir une infinité de représentations au sein d’un même art et c’est extraordinaire. 

Les inspirations d’Ingrid : le sculpteur Carlo Sarabezolles et les photo-reporters Raymond Depardon, Henri Cartier-Bresson et Robert Capa – Montage de Juliette Bricage

Est-ce que vous avez un artiste marquant ? 

Récemment, ceux qui m’intéressent le plus ce sont les photo-reporters et surtout Cartier-Bresson, Robert Capa, Raymond Depardon, qui ont photographié des guerres. J’aimais avant d’arriver à Dauphine mais mon approche a changé par rapport à l’expérience que je me suis faite en allant voir des expositions. Avec le cours de journalisme, je me suis dit qu’être photo-reporter pouvait peut-être m’intéresser. 

Est-ce que vous voudriez en faire votre métier ?

L’année dernière je suis allée à une conférence organisée par Dauphine Stratégie Défense avec des reporters de guerre qui m’a vraiment plu. Après je ne peux pas être sûre à 100%. Pour l’instant je n’ai aucune idée autre de ce que je veux faire donc oui, c’est le fil conducteur qui me maintient à la surface de Dauphine. Le problème, et ce que je dois forcément prendre en compte, est que les photographes que j’apprécie exerçaient à une époque où le photo reportage marchait très bien. Il n’y avait qu’eux sur place. Aujourd’hui les civils prennent des photos aussi, même si elles sont différentes. C’est un métier en crise car ta photo ne vaut rien aujourd’hui. Tu ne peux pas faire ça quand tu as vingt-deux ans, il faut quand même de l’expérience même si c’est un métier, je pense, où il est important d’avoir la fougue de la jeunesse. Pourquoi pas le faire en complément d’un travail dans le journalisme.

Propos recueillis par Juliette Bricage

Be the first to comment on "Ingrid Gallois : « Je me suis dit qu’être photo-reporter pouvait peut-être m’intéresser. »"

Leave a comment