Ouverte en septembre 2019, la résidence étudiante Housing by Dauphine située à Saint Ouen (93) dans le nouveau quartier hype de la ville près des célèbres “Puces”, comporte 190 appartements meublés. Depuis quelques mois, les problèmes d’insalubrité et de sécurité se multiplient et les plaintes sont vaines.
Pourtant située dans un endroit qui se gentrifie avec la proximité immédiate du tout nouveau MOB Hôtel, un emplacement privilégié dans un quartier en devenir, la colère des étudiants se fait sentir dans la résidence Dauphine.
Située à 35 minutes de l’université Paris Dauphine, la résidence se compose de 190 studios meublés et équipés d’une kitchenette, d’une salle de douche privative d’un coin nuit et d’un coin bureau, avec service de machine à laver disponible 24h/24 et 7/7j et des box Internet individuelles. Chaque appartement a un loyer compris entre 569 et 799 euros et est éligible aux allocations de la Caf. “Je suis heureux que Dauphine m’ait proposé ce logement. Venant du Havre, cela m’a permis de ne pas avoir à chercher un appartement en arrivant sur Paris”, se confie Maxence, étudiant en 2ème année de Licence Sciences Des Organisations (LSO).

Souhaitant favoriser l’intégration des plus jeunes, créer un esprit de groupe et d’entraide Paris-Dauphine, les responsables de l’aide au logement à Dauphine se disent heureux d’avoir créé ce sentiment d’appartenance à la communauté des étudiants grâce à cette résidence. “C’est super convivial, moi j’ai la chance d’habiter au 4ème étage dans un des deux appartement à partager. C’est une grande colocation de 12 chambres avec une cuisine commune, on a une terrasse avec vue sur le Sacré Coeur et on vit majoritairement avec des Erasmus, c’est un peu l’auberge espagnole !”, raconte Juliane, résidente depuis 6 mois à la résidence.
Des plaintes qui commencent à se multiplier
Mais depuis décembre dernier, les remontées d’étudiants concernant l’insalubrité de leurs appartements et le manque de sécurité se multiplient. “Quand je rentre chez moi le soir, j’ai du mal à être complètement sereine”, témoigne Élisa, étudiante en première année de Mathématiques Appliquées (MIDO) à Dauphine. En effet, plusieurs résidents ont exprimé leur frustration et leurs inquiétudes quant à l’état des lieux. Certains ont signalé des problèmes d’humidité avec des dégâts des eaux récurrents, de moisissures ainsi que la présence de nuisibles comme des rats et des cafards.
Esther, étudiante en première année, est victime d’une fuite d’eau discontinue depuis janvier dans sa salle de bain “C’est dingue de se dire qu’on a ce genre de problèmes alors que la résidence est neuve. Depuis janvier, des tas d’experts sont venus constater ma fuite mais j’attends encore qu’elle soit réparée”.
“Les ascenseurs sont quasiment tout le temps hors service, le temps de réparation est super long. Par ailleurs, la porte d’entrée ferme mal, on essaie de communiquer sur notre groupe Whatsapp combien c’est important de bien la refermer derrière soi”. Le nombre de problèmes s’accumule autant dans les espaces communs que privés créant ainsi un sentiment d’insécurité pour les locataires. Eddy, résident depuis l’ouverture de la résidence, déclare « Nous payons un loyer quand même élevé pour une résidence dont la qualité se détériore. Je ne me sens plus en sécurité dans cet immeuble comme avant, notamment depuis l’intrusion de personnes suspectes à répétition”.

Crédits : Maeva Duguffroy

Crédits : Victor Schafer

Crédits : Ilyes Amer Ali
Une situation qui ne semble pas prête de s’arranger
Des représentants de la résidence ont déclaré avoir pris des mesures pour améliorer la situation, notamment en engageant une entreprise de nettoyage pour lutter contre les nuisibles et en poussant les résidents à faire remonter les problèmes existants. Sydney est l’homme à tout faire de la résidence. Présent depuis l’ouverture, il note que ses interventions se sont intensifiées ces derniers mois. Il a dû faire appel maintes fois à des agences extérieures pour de la dératisation et de la désinsectisation.
Toutefois, certains résidents restent sceptiques quant à l’efficacité de ces mesures. Ilyes, étudiant en deuxième année de LSO, a été affolé de voir des cafards en décembre dernier dans son appartement. Après une dizaine de mails sans réponse envoyés à la responsable de la résidence, ses parents ont dû intervenir pour faire bouger les choses. “C’est impensable d’avoir à faire autant de démarches pour un problème d’une telle gravité” déclare-t-il. “On a dû acheter nous même de quoi éliminer les cafards, on est restés pendant des mois dans cette situation où rien ne bougeait” ajoute Louis son colocataire.
Crédits : Ilyès Amer Ali
En attendant, les résidents de Housing By Dauphine demandent des actions concrètes pour améliorer leur situation, notamment en termes de qualité de vie et de sécurité. Le maire de Saint Ouen a ainsi été informé de la situation par des dauphinois via Twitter et a promis de mettre en œuvre des moyens afin de rendre la résidence plus sécuritaire notamment en prévoyant d’installer un vigile à l’entrée les soirs de semaine.
La responsable de la résidence, Anaïs Kadi-Lomingo, n’a pas souhaité témoigner sur ces problèmes. Les résidents se plaignent en majorité du manque de communication avec les membres responsables. “Madame Kadi est la première à nous envoyer de nombreux mails et à nous demander de respecter des dates butoirs mais en retour, nos alertes ne sont jamais écoutées et il nous faut insister pour être entendus”, ajoute Ilyes. “En fait, on a pas vraiment l’impression d’être compris et que nos problèmes soient pris à leur juste gravité” insiste Élisa.
Lola Carré