Jongler entre leur passion et les études, un pari réussi pour les étudiants de la filière « Talents » à l’Université Paris Dauphine

L’Université Paris Dauphine – PSL est l’un des seuls établissements d’études supérieurs qui propose des formations en horaires aménagés. Le parcours « Talents » permet aux étudiants de continuer leurs activités extra-scolaires à haut niveau tout en bénéficiant des enseignements dispensés dans une licence dauphinoise classique. Tiraillés entre l’envie de se professionnaliser dans leur passion et de réussir leurs études, les « talents » essayent de concilier les deux malgré des emplois du temps chargés.

Les premiers rayons de soleil éclairent la salle B128. Un code Wooclap s’affiche en bleu sur le tableau blanc. Il n’est que 8h25 mais presque toutes les chaises sont déjà occupées. Un brouhaha général remplit cette salle. Les étudiants se racontent leur week-end de manière animée. De temps à autre, des rires retentissent par-dessus la cohue. « Dans une classe normale, il y a d’habitude au moins quelques élèves timides, mais pas chez nous. Tout le monde est très social », explique Maxence. Cette étudiante en première année de licence fait partie de la filière « Talents » de l’Université Paris-Dauphine. Sous ces airs d’élèves lambdas se cachent enfaite des entrepreneurs, des artistes et des sportifs de haut niveau. Deux jours par semaine, ils se retrouvent de 8h30 à 13h pour suivre les enseignements dispensés dans une filière dauphinoise classique. En raison de la densité du programme, leur licence est répartie sur quatre ans au lieu de trois.

A 8h30, le cours commence, mais les bavardages ne cessent pas. Quelques minutes plus tard, un garçon en manteau brun avec des lunettes rondes et un violoncelle dans le dos entre dans la salle. Grégoire Métivier s’installe au deuxième rang en s’excusant. Une fois assis, il se met à bavarder avec sa voisine, un sourire aux lèvres. Au fur et à mesure que le cours avance, la classe se calme. Un silence perturbant pour cette salle à l’origine si bruyante s’installe. Les étudiants vaquent à leurs occupations. Certains tentent de faire sens de la ribambelle de lettres et d’équations qui défile au tableau. D’autres se plongent dans des partitions de musique. La voix de la professeure semble avoir un effet soporifique sur les étudiants que l’on entend bailler. Grégoire, lui, reste concentré. Il sort un lourd classeur de son sac, écoute attentivement le cours et plisse les yeux pour ne rien rater des explications au tableau.

Un avenir encore flou

Membre du chœur de l’Orchestre Philharmonique de Paris, Grégoire est entré dans la filière « Talents » grâce au chant et à sa pratique du violoncelle. « Même si j’espère devenir chanteur lyrique, je ne sais pas si j’en aurais l’opportunité », explique-t-il.  « Je vais tenter d’entrer dans un conservatoire à rayonnement régional cette année et si je ne réussis pas, je retenterai plus tard. Mais j’ai de grandes chances de faire un métier en lien avec mes études à Dauphine. Donc, même si les études ne sont pas ma préoccupation principale, j’essaye de réussir un minimum ».  Plusieurs camarades de Grégoire sont dans le même cas de figure. « Devenir artiste professionnel, c’est compliqué. Si un jour l’occasion se présente, je sauterai dessus. Mais je n’arrêterais pas mes études pour autant », confie Maxence.

Le choeur de l’Orchestre Philharmonique de Paris en concert

En horaires aménagés depuis des années, ces étudiants ne se voyaient pas arrêter leur passion une fois entrés dans le supérieur. Leurs projets se précisent au fil du temps. « En L2 bis [troisième année de licence], seules 4 ou 5 personnes par promotion intègrent le CNSMD [Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse] ou font des tournées mondiales », raconte Marco, un talent piano en troisième année de licence. Pour lui, Dauphine est avant tout un lieu de rencontres. « Les cours ne m’ont jamais passionné. Par contre, le parcours « Talents » m’a permis de faire mes meilleures rencontres musicales ». Même s’il ne compte pas devenir pianiste professionnel, Marco envisage d’intégrer un master en culture pour garder un lien avec le monde de la musique.

Le cours continue

La passion est un mot qui caractérise bien les étudiants de cette filière. Pendant le cours, les rires, qui deviennent plus discrets quand la professeure réclame le silence, ne cessent pas pour autant. L’ambiance est étonnamment joviale pour un cours de macroéconomie à Dauphine. Au moment de la correction des exercices, Grégoire se porte volontaire pour aller au tableau. Après avoir résolu des équations avec succès, il se rassoit, un grand sourire aux lèvres. Il a l’air si heureux que la professeure vient même à demander : « Qu’est ce qui vous fait rigoler ? ». Géraud, un talent piano, étudiant en troisième année de licence, décrit son expérience à Dauphine : « Cette université nous permet de continuer à jongler entre nos deux passions, que sont la scolarité et la musique ». En regardant cette classe, remplie de sourires et de rires, ces mots prennent tout leur sens.

Grégoire corrige les exercices au tableau pendant le cours de macroéconomie

A 13h30, les cours se terminent pour les étudiants en filière « Talents », mais leur journée ne vient que de commencer. Grégoire déjeune rapidement pour se dépêcher d’aller en répétition. Il traverse tout Paris pour se rendre au Conservatoire du 11ème arrondissement, où il enchaîne des cours d’écriture musicale et d’orchestre. Parfois, il ne rentre chez lui qu’après 22 heures. Les week-ends ne sont d’ailleurs pas bien reposants non plus, car Grégoire a souvent des répétitions de chant de 9 heures à 18 heures. C’est un rythme de vie soutenu, mais qui n’effraie pas les étudiants de la filière « Talents ». Passionnés par la musique, le sport, l’entrepreneuriat, ils sont reconnaissants de la chance qu’ils ont de pouvoir continuer leurs pratiques extra-scolaires à un niveau quasi professionnel à côté de leurs études dans un établissement parisien prestigieux.

Zina Orlova