Thi Hoang Ha Do est une étudiante en deuxième année de licence en sciences des organisations à l’université Paris-Dauphine. Originaire du Vietnam, elle étudie en France depuis 1 an et demi et nous raconte son expérience à l’université en tant qu’étudiante étrangère.
Quel était votre parcours scolaire avant de venir en France ?
Avant de venir en France, j’avais un parcours scolaire atypique au Vietnam. De la maternelle jusqu’au collège, j’ai suivi un curcus scolaire commun avec les autres élèves vietnamiens. À partir du lycée, je devais me spécialiser dans une matière et j’ai choisi l’étude de la langue française. Mon établissement participe à un concours régional de Français et sélectionne 10 élèves pour y participer, dont moi. À ma plus grande déception, j’ai échoué à ce concours.
À la fin du lycée, j’ai candidaté pour intégrer l’université Paris Dauphine via une plateforme en ligne et j’ai été acceptée à ma plus grande surprise.
Cette université est très sélective et pas beaucoup d’étudiants étrangers parviennent à franchir le cap de l’admission, et pour preuve, j’ai été la seule étudiante de ma session à avoir été acceptée par l’université à l’échelle nationale.
Pourquoi avoir choisi d’étudier dans une université française plutôt que vietnamienne ?
Le parcours scolaire de ma mère a grandement influencé ma décision d’étudier dans une université française. Elle a effectué ses années de licence et de master au Vietnam et a poursuivi son doctorat de chimie en France. Elle a été un modèle de réussite pour moi et je voulais suivre ses pas en étudiant à mon tour dans une université française. Avoir été acceptée à l’université Paris Dauphine est une grande chance, car c’est un établissement français très prestigieux.
Comment se sont déroulés les premiers cours à l’université Paris-Dauphine ?
J’ai très mal vécu mes premiers jours à l’université Paris-Dauphine. Les professeurs avançaient très rapidement et je n’arrivais pas à suivre les premiers cours. Les matières littéraires étaient celles que j’avais le plus de mal à étudier. Lorsque j’ai suivi mon premier cours de sociologie, je ressortais du cours sans comprendre une seule notion car je n’arrivais pas à me familiariser avec le vocabulaire employé par le prof. La méthodologie de la dissertation est une grande nouveauté pour moi, car je ne l’ai jamais apprise durant mes années d’études au Vietnam et je devais la maîtriser en un court laps de temps, ce qui n’était pas facile.Jusqu’à aujourd’hui, j’ai toujours du mal à étudier les matières littéraires même s’il y a eu des progrès par rapport à la L1.
Pour m’aider à surpasser cette difficulté, beaucoup de camarades m’ont aidées en L1 en me partageant leurs fiches de cours et je leur suis très reconnaissante.
Comment vous vivez la séparation avec la famille du Vietnam ?
Vivre seule en France, séparée de ma famille au Vietnam, est la plus grande difficulté que je dois surmonter au quotidien. Lorsque je vivais au Vietnam, la famille s’occupait de moi en me préparant à manger ou en effectuant les tâches ménagères… En France, je dois tout faire en autonomie et c’est très chronophage.
Cette séparation est difficile à vivre émotionnellement, car je ne peux uniquement la voir par l’intermédiaire d’un écran de téléphone et ça ne vaut pas un contact physique. Du fait du décalage horaire entre la France et le Vietnam, qui peut aller de 9h en hiver à 5h en été, il est très difficile de contacter mes parents à distance.
Je ne peux voir ma famille physiquement qu’une seule fois dans l’année du fait du prix des billets d’avion qui sont exorbitants en plus de la durée du trajet qui s’étale sur une journée entière.
Comptez-vous poursuivre les études en France ? À la suite de tes études, comptes-tu rester en France ?
Je suis assez sûre de revenir dans ma Terre-Natale d’ici la fin de la licence. Au Vietnam, il est courant de travailler après une licence et je souhaite m’insérer au plus vite dans le milieu professionnel pour acquérir plus d’expériences sur le marché du travail. J’ai choisi d’étudier en France, car la licence est plus courte, elle dure 3 ans contre 4 au Vietnam.De mon point de vue, il est plus avantageux d’aller au Vietnam après la licence, car, en France, l’insertion sur le marché du travail se fait généralement après 5 années dans le supérieur.
Parvenez-vous, malgré les nombreuses difficultés que tu viens d’énumérer, à avoir une vie extra-scolaire ?
En première année de licence, j’ai eu du mal à concilier les activités scolaires et extra-scolaires. J’ai intégré l’année dernière le Do’s musical, une association dauphinoise qui organise chaque année un grand spectacle. Je pratiquais beaucoup la danse au Vietnam et je voulais poursuivre cette activité en France. Au fil du temps, je me suis rendu compte que l’association ne me correspondait pas et c’est pourquoi je l’ai quitté à la fin de la L1.
Je pratique le basketball chaque samedi dans un club qui regroupe des joueurs vietnamiens. C’est l’occasion de discuter et se faire connaissance avec des étudiants d’autres universités.
Progressivement, j’ai acquis une solide méthode de travail, ce qui me permet d’avoir plus de temps libre et donc de faire plus d’activités extra-scolaires.
Propos recueilli par Ryan Belaiche
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