Le Daufunk, un festival organisé par et pour les dauphinois

Le 1 avril 2023, l’Université de Paris-Dauphine PSL a troqué ses travaux et son ambiance studieuse contre un festival de funk, organisée par l’association universitaire l’Oreille. Retour sur cet événement, qui était loin d’être un poisson d’avril !

Pour la 14ème fois, l’Oreille, association étudiante de l’Université Paris Dauphine, qui a pour but de faire découvrir différents styles musicaux aux dauphinois à travers des festivals, organise un événement festif autour de la funk. Ce genre musical, à la croisée des chemins entre la soul et le jazz, a émergé dans les années 1960 aux Etats-Unis. Ce samedi soir, il se retrouve sous le feu des projecteurs de l’amphi 8. 

L’entrée est permise à tous les festivaliers dès 18h45. Pourtant, les 40 bénévoles de l’Oreille, les oreillons, sont à Dauphine depuis 9h du matin. Un grand ménage était nécessaire pour transformer l’université. Tout au long de la journée, ils ont réaménagé Dauphine, en installant des barrières, en transformant des salles de classe en loges pour les artistes. Ils ont entrepris de décorer le lieu, habituellement neutre, avec des affiches et des pancartes, réalisées lors d’une journée consacrée à la décoration, qui a eu lieu samedi dernier. 

Etudiants dans le hall 2 de Dauphine – © CM

Après tout ce travail, Dauphine est métamorphosée. A l’entrée, des bénévoles accueillent les festivaliers, dauphinois ou non, et vérifient les billets. Des panneaux colorés indiquent la direction à prendre, celle du deuxième étage, pour rejoindre le célèbre amphithéâtre Edgar Faure, surnommé amphi 8 par les étudiants. L’étage, connu pour être celui des salles de contrôles continus, est plongé dans la pénombre, un fond musical se fait entendre, et une masse d’étudiants détendus y circulent. De nombreux stands sont installés. Un amphithéâtre fait office de vestiaire, l’autre de service de restauration. Les snacks proposés au menu ont été préparés à l’avance par les bénévoles. Les toilettes se sont transformées en bar. Salomé, « oreillonne » depuis deux ans, explique que l’université n’autorise que la vente de bière. 

Service restauration du Daufunk dans le hall 2 de Dauphine – © CM

Un stand de paillettes est aussi mis à disposition. Les festivaliers doivent donner un euro symbolique, ou plus s’ils le souhaitent. Les produits utilisés ont été choisis avec attention. Les paillettes sont certifiées, et n’ont pas été testées sur les animaux. Le caractère engagé de l’Oreille se manifeste à travers ces détails, mais surtout par le fait que les bénéfices réalisés grâce à cet événement seront reversés cet année à l’association La Cloche, qui œuvre à une meilleure intégration des personnes sans domicile.

Des artistes bien accueillis de la scène aux coulisses

Au milieu de tous ces stands se trouve un espace où des artistes mixent à certains horaires. Ce soir, ce sont Larsen feat Agoel qui s’occupent des platines du deuxième étage de Dauphine, entre deux prestations de groupes sur la scène de l’amphithéâtre Edgar Faure. Ce lieu de cours magistraux a une toute autre allure pour le festival. La scène, jonchée d’instruments de musique, est devenue une véritable scène de concert, sur laquelle performent trois groupes : Who Parked The Car, Say She She, et Access Crew. L’espace entre cette scène et les sièges sert de fosse aux festivaliers, où battle de danse et pogos ont parfois lieu. 

Concert du groupe Access Crew dans l’amphithéâtre Edgar Faure de Dauphine – © CM

Les artistes venus pour cette 14ème édition du Daufunk ne sont pas payés pour donner le concert. Venant parfois de loin, comme le groupe Say She She, originaire de Brooklyn, l’association dauphinoise a dû s’arranger pour les accueillir du mieux qu’elle pouvait, et les loger. Certains membres de l’Oreille ont prêté leurs appartements aux artistes pour cette nuit-là, l’association ne pouvant supporter les frais supplémentaires de nuits à l’hôtel. 

Entre les concerts, les artistes ont accès à des loges et à des coulisses, où des bénévoles leur servent à manger des plats qu’ils ont eux-mêmes cuisiné.

Le groupe français Who Parked The Car, né d’une école de jazz, ont accepté l’invitation car ils apprécient l’ambiance étudiante qui y règne. La chanteuse Laura Wamba y était déjà venue en tant que festivalière. “Les conditions sont bonnes et nous sommes bien accueillis. La scène et l’ambiance nous correspondent car nous sommes surtout un groupe de live.” Ils n’hésiteraient pas à revenir pour une autre édition si l’Oreille leur proposait à nouveau.

Faire la fête à Dauphine en étant encadré

Pour les bénévoles de l’Oreille, cette soirée n’est pas de tout repos. Ils ont chacun un planning précis à respecter, et jonglent toute la soirée entre différents postes : servir au bar, réchauffer les plats, assurer la sécurité. Chacun de ces postes sont chapeautés par un responsable, qui reste à un même stand jusqu’à la fin du festival. Pour Lisa, membre depuis cette année, le déroulement du festival peut parfois être stressant et fatiguant, mais elle aime être au cœur de cette organisation, avoir des missions à gérer. “C’est stimulant et dynamique, et on a des pauses pendant le festival qui nous permettent de reprendre des forces.”. 

Les festivaliers sont donc bien encadrés par les membres de l’Oreille. La sécurité est en partie assurée par des professionnels, mais également par les oreillons, qui doivent veiller à ce que des personnes n’entrent pas dans des zones interdites au public. De plus, des “safe zones” se trouvent à différents endroits de Dauphine. Ils permettent aux festivaliers ne se sentant pas très bien de s’écarter un peu du bruit et de la foule. La vigilance est aussi portée sur les violences sexistes et sexuelles. Chaque membre de l’association a été sensibilisé au sujet, et plusieurs bénévoles ont suivi une formation de deux heures pour apprendre à reconnaître ces violences, soutenir et accompagner une victime.

Faire la fête à Dauphine est loin d’être une habitude. Pour Elena, étudiante en troisième année de droit, cela rajoute un véritable plus au festival, car elle a l’impression de briser les interdits. « L’amphi 8 a une autre saveur grâce à ce festival« , explique Alix, étudiante en deuxième année d’économie. Elle apprécie l’accessibilité du festival grâce à son prix, et l’organisation, en précisant qu’il n’y a pas de moment d’attente. « On voit tout le monde avec un grand sourire au sein de Dauphine, ce qui est rare« , conclut Pierre, étudiant en comptabilité.

Claire Mathieu