« Le Marquis Déconstruit… et la sauterelle du trou n°18 », une pièce de théâtre inédite présentée par l’association dauphinoise Ridau

L’association de théâtre dauphinoise Ridau met en scène une pièce inédite. Le Marquis Déconstruit … et la sauterelle du trou numéro 18, écrite par Géraud de Vaublanc, le père du metteur en scène, donne rendez vous le vendredi 24 mars à 20h45 dans l’amphithéâtre 8 de l’université Paris Dauphine et le samedi 25 mars à 14h au théâtre de Belleville pour des aventures fantasques et riches en émotion. 

Il est 16h. Les comédiens croulent sous les applaudissements des spectateurs. Chacun s’abaisse un à un pour saluer le public, y compris le metteur en scène, Alexis De Vaublanc. Puis c’est au tour de l’auteur de la pièce, Gérard De Vaublanc, de venir pour remercier la troupe de théâtre de l’avoir réalisée et les spectateurs d’y être assistés. 

Mais quelle est l’histoire de cette pièce de théâtre ? L’association Ridau a créé un trailer et un résumé : Le marquis revenu plus tôt de la chasse surprend sa femme avec son amant. La Marquise souhaitant le garder à ses côtés invente un stratagème : le faire passer pour un prétendant de sa fille. Mais, celle-ci comprend la supercherie et désire se venger de son égoïste mère.

Une matinée d’enfer

Tout a commencé le samedi matin à l’université Paris Dauphine vers 8h30. Un silence ambiant règne dans les couloirs. Seuls les pas de quelques étudiants résonnent dans les murs de la faculté. Certaines membres de l’association Ridau, Romane, Adèle et Tiphaine sont assises sur les canapés du Crous Express tout en sirotant un café et en prenant leur petit-déjeuner. Elles récupèrent de la force et de l’énergie face à la journée de travail qui les attend. Pourtant, elles sortent épuisées de la soirée de la veille, destinée à finaliser les préparations des décors et des costumes. Ces actifs, et d’autres encore, ont pour mission d’organiser la dite représentation théâtrale de l’association alors que l’autre moitié est assignée à la jouer. Les tâches ont été inversées pour la première pièce Le coupable est dans la salle écrite par Yvon Taburet et jouée le vendredi 10 mars à 20h45 à l’université Paris Dauphine et le samedi 11 mars au théâtre de Belleville. L’organisation simultanée de deux pièces de théâtre dans l’année est alors à prévoir.

Adèle, en 2ème année de licence, vêtue de la veste officielle de Ridau, secrétaire général de Ridau explique qu’ « on s’organise très longtemps à l’avance. Le metteur en scène choisit pendant l’été la pièce qu’il a envie de mettre en scène pour l’année suivante. Ensuite il en parle au chef du pôle costume et décors qui prévoit déjà tout à l’avance. Après, au fur et à mesure de l’année, on organise des ateliers de bricolage pour tout construire. Les répétitions et la mise en scène de la pièce commencent en janvier. » Et c’est tombé « par le plus grand des hasards » sur la pièce de Géraud De Vaublanc comme il le confie. « Mon fils est devenu le metteur en scène et un jour, il y a un an, il m’a dit qu’il cherchait une pièce, Je lui ai dit que j’en avais écrit une et plus tard j’apprends que ma pièce a été sélectionnée. Ça m’a fait un drôle d’effet”. 

Les trois étudiantes attendent l’arrivée du camion chargé de transporter les décors et les accessoires. Elles en profitent pour discuter du planning de la journée : l’arrivée du metteur en scène à 9h avec la régie, celle des comédiens au théâtre de Belleville à 10h… Une fois terminé, elles se dirigent vers leur local C310 au 3ème étage pour commencer à décharger leurs équipements. Le sol finit parsemé de cadres photos, d’un petit piano, d’une boîte à outils, de costumes. L’une d’entre elles vérifie que rien n’a été oublié. En parallèle, d’autres actifs les aident à descendre l’ensemble dans les sous-sols, lieu attendu pour rejoindre le camion. Munies de la clé pour le monte charge, le transport n’en n’a été que plus facile et rapide. Tous ont ensuite porté le matériel jusqu’au reste des décors, utilisés la veille pour la représentation théâtrale dans l’amphi 8 à l’université Paris Dauphine et disposés près de la réserve. Ce sont des décorations de plus grandes tailles qui guettent les actifs : un canapé bleu, des cercueils noirs, une console en bois, une armoire blanche et dorée. Romane, en 2ème année de licence, brune, vêtue de la veste officielle de Ridau et d’un bob, précise que “ce sont nous qui construisons les décors, comme les tombes par exemple. On achète sinon des meubles sur Leboncoin parce qu’on ne va pas construire une armoire. On organise 3 – 4  ateliers bricolage dans l’année dans lesquels on peint les avant-scènes, les fonds de scènes ou même l’armoire”. 

Et hélas, les avant scènes sont trop larges pour entrer dans le camion : Gaspard s’est alors chargé de les dévisser, avec l’aide d’autres actifs, afin de gagner de la place. “Tu vois les jeux vidéos où tu dois faire sauter des personnages au-dessus de rondins de bois. Nous c’est ça. Il y a plein d’embûches partout sur notre parcours mais au final on arrive à s’en sortir” ajoute Adèle. 

Les actifs de Ridau rangent les meubles dans le camion CR : Lisa Tarlet

9h30. Arrivée du camion noir dans le parking avec un peu de retard. Tout le monde s’empresse alors de le charger. Mathieu et Elorie se sont avancés à l’intérieur pour aider à déposer les meubles tout en optimisant l’espace du véhicule. Les difficultés se sont enchaînées et après 45 minutes d’acharnement, le camion est fin prêt pour le transport. Tandis qu’il est conduit par Mathieu et Tiphaine vers la destination finale, quatre actifs quittent Dauphine pour emprunter la ligne 2 du métro avec ce qui reste des décorations : un caddie, avec un fauteuil dedans. Ce sont alors Romane, Adèle, Rémy et Gaspard qui s’aventurent dans le métro et dans la rue avec le chariot face aux regards surpris des passagers.

Le théâtre de Belleville, là où tout se joue

Le théâtre de Belleville CR : Lisa Tarlet

Ils arrivent enfin vers 11h au théâtre de Belleville. Le choix du théâtre repose sur le fait que “c’était abordable dans les prix et accessible à Paris” affirme Adèle. “C’est important parce que l’année dernière on avait joué dans une salle dans un lycée au Vésinet au bout du RER A. C’était très peu accessible pour les familles. Il n’y avait aucun étudiant de dauphine qui pouvait venir alors que là il y a nos potes qui peuvent venir samedi s’ils ne peuvent pas vendredi. Ça marche bien : les 100 places ont été remplies à chaque fois.”

Les comédiens sont déjà présents à l’intérieur depuis 10h. Ils répètent leurs rôles avec minutie avant l’heure fatidique. De manière générale, Romane spécifie qu’ “on répète beaucoup. Pendant un mois on faisait 2 répétitions par semaine puis on est passé à 3, de 19h à 22h00, même un peu plus en fait. Dès qu’on peut on joue avec le décor qu’on monte et descend tout le temps”.  Adèle complète en disant qu’en “répétant 3 fois par semaine on finit par connaître notre texte cœur. Maintenant tu me sors un mot et parfois je reprends mon texte et je peux te rejouer la pièce”. 

C’est la présidente de Ridau, Emilie, interprétant le rôle de la marquise dans la pièce, qui ouvre la porte du théâtre aux quatre actifs. Ils empruntent les escaliers se tenant face à eux et les menant vers une salle de spectacle intimiste, avec plus d’une dizaine d’étudiants réunis sur la scène. L’auteur de la pièce de théâtre, Géraud De Vaublanc, est également présent pour observer les préparations de la mise en scène et discuter de quelques directives avec le metteur en scène, son fils, Alexis De Vaublanc.

Le metteur en scène développe qu’ “on a l’image assez basique du metteur en scène qui est censé faire vivre le texte, décider de tous les mouvements entre les comédiens, des variations de tons et parfois de petits trucs créatifs en plus qui vont permettre d’interpréter le texte différemment. C’est vraiment l’art d’interpréter un texte.” Géraud De Vaublanc surenchérit en disant que “c’est une pièce qui n’est pas si facile à jouer parce qu’il faut passer de la prose à l’alexandrin, il y a de très longs monologues et des situations un peu folles. Je trouve qu’ils [les membres de la troupe] ont un talent vraiment fou”.

Entre les discussions et les répétitions, il ne reste que les décors à mettre en place. Vers 11h30, c’est au tour du camion d’accoster près du théâtre. Tous les actifs, y compris les comédiens, apportent son aide pour transporter les canapés, les cercueils… vers la scène théâtrale. Les multiples allers et retours amènent à ce que cette dernière soit ensevelie sous une montagne d’équipements et de meubles. Il reste alors 2h30 pour tout ranger avant la représentation.

Les comédiens et actifs placent les décors sur scène CR : Lisa Tarlet

Entre installer une console avec des livres dedans, régler le piano, habiller un mannequin avec une perruque et des vêtements du 17ème et 18ème siècle, scotcher les croix sur les tombes, placer les cadres, fixer les avants scènes, les actifs sont déterminés à agencer le mieux possible les différents accessoires et décorations afin que les comédiens puissent s’approprier l’espace. Par exemple, deux comédiens discutent du fait que le fauteuil ne doit pas être trop enfoncé sur la scène.

En parallèle, le metteur en scène et la régie règlent la lumière, passant du rouge, au jaune, au bleu, puis le son pour les musiques jouées durant la pièce de théâtre. “Dans le cadre de cette pièce, mon challenge était vraiment de réussir à que tout soit bien rythmé parce que c’est une pièce dont le texte en lui-même est vraiment très riche et qui peut parfois avoir certaines longueurs” souligne Alexis.

Par ailleurs, deux actifs prennent des affiches qu’ils ont réalisé de la pièce pour les disposer à l’extérieur du théâtre, à l’entrée puis dans les couloirs pour indiquer aux futurs spectateurs le lieu de la mise en scène. 

12h20. Certains membres de la troupe vont chercher des sandwichs à la boulangerie pour tout le monde. Pendant ce temps, les actifs continuent de ranger le décor, de répéter ou se reposent dans les gradins en discutant tous ensemble. Romane atteste qu’ “on a vraiment un projet qui nous prend 3 voire 4 soirs par semaine et qui nous lie vraiment. Même si on ne s’entend pas on finit par s’entendre”.

Les derniers instants intenses avant la représentation

13h. Il reste 1 heure avant la représentation théâtrale. Le metteur en scène demande à ce que tous les comédiens commencent à se vêtir de leurs costumes dans les coulisses, situées sur les côtés et en arrière de la scène, puis le rejoignent sur la scène.

Le metteur en scène indique les dernières directives aux comédiens CR : Lisa Tarlet

Simultanément, les actifs de Ridau chargés de la préparation du spectacle se dirigent vers l’entrée du théâtre pour planifier l’accueil des invités, la vérification de leurs billets et leur placement dans la salle. Les minutes s’enchaînent rapidement ; tout le monde circule dans tous les sens avec leurs costumes, et finalise les préparatifs. Le metteur en scène contrôle que tout soit dans l’ordre, donne des précisions sur les transitions et les dernières directives. Ensuite, lui et les comédiens se regroupent en cercle, pratiquent des exercices de préparation et s’échauffent la voix, chacun répétant une de ses répliques en la murmurant, puis en la disant avec une voix normale et enfin en la criant. 

Il ne reste que quelques réglages sonores. Les spectateurs entrent un à un dans la salle de spectacle. Ce sont des étudiants, des membres de la famille de la troupe et externes qui sont prêts à assister à la mise en scène de Ridau pendant 2h.

14h. Les derniers invités rejoignent leur place. L’auteur s’est installé au fond des gradins afin de filmer l’entièreté de la pièce. Le metteur en scène arrive sur scène, présente la pièce de théâtre et remercie les invités d’être venus. Applaudissements. Lumières éteintes. Le spectacle commence.

Lisa Tarlet