Vainqueurs logiques de la Pologne lors de leur premier match dans la compétition, les Sénégalais pourraient valider leur billet pour les huitièmes de finale dès le prochain match. Dans le quartier de Château-Rouge (XVIIIe), au cœur de la communauté sénégalaise de Paris, les espoirs des supporteurs ont été comblés.
De l’extérieur, le troquet ne paye pas de mine. Une brasserie modeste à l’angle du boulevard Barbès et de la rue Custine, en plein cœur du XVIIIe arrondissement de Paris. Coincé entre un opticien et un revendeur de téléphones, le “Megève” s’improvise, le temps de quelques heures, comme le siège de la communauté sénégalaise de Paris. À l’intérieur, les masques africains accrochés aux murs vont veiller pendant 90 minutes sur le onze de départ aligné par l’entraîneur des Lions de la Teranga, Aliou Cissé. Au fond de la salle, Moussa avale les dernières bouchées de son thiéboudiène, plat typique sénégalais dont les saveurs se sont sentir jusque sur le trottoir. La pression monte doucement. Au coup d’envoi, la brasserie est bondée, impossible de se frayer une place près du téléviseur. Pour les supporteurs sénégalais, ce Pologne-Sénégal lance vraiment “leur” Coupe du monde.
Une fois la partie entamée, les chants et les encouragements font place à la concentration. Les yeux fixés sur la télévision, tous vibrent à la moindre incursion des Verts dans la surface polonaise. Le début de match est équilibré, mais les Sénégalais montrent d’entrée de jeu leurs intentions. Solides dans les duels, les ailiers se projettent vite vers l’avant. À chaque fois que la star de l’équipe Sadio Mané touche le ballon, le public frémit. C’est d’ailleurs son nom qui est floqué sur la plupart des maillots portés, celui qui doit amener les Lions de la Teranga le plus loin possible.
Ouverture du score
Attention tout de même à ne pas trop attendre de sa star. Même si Abdoulaye porte lui aussi le maillot du numéro 10, il estime que les Lions ne doivent pas uniquement compter sur les exploits de leur vedette. “On a beaucoup de bons joueurs cette année. Il y a Mané bien sûr mais notre défense est solide avec Sané et Koulibaly et puis nos deux attaquants Niang et Diouf sont capables de marquer beaucoup de buts.”
Niang justement est à l’origine de l’ouverture du score sénégalaise. Quand l’attaquant du Torino (club italien) récupère le ballon côté droit, il se projette bien dans son couloir avant de transmettre à Mané. Quelques secondes plus tard, la frappe de Gueye détournée terminait sa course dans les filets polonais.

La centaine de supporteurs massés dans la brasserie parisienne explose de joie. Les gens sautent, s’embrassent, se congratulent. À l’extérieur, les badauds qui passent devant l’enseigne penchent la tête vers l’intérieur, comme happés par la ferveur présente. Une effervescence qui ne retombe pas avant la mi-temps… Avant de connaître un nouveau pic au moment où les Sénégalais inscrivent un second but. Le “Megève” rentre alors littéralement en fusion. Les supporteurs se rapprochant machinalement de la télé, comme pour mieux se rendre compte de la performance de leurs champions. Le stress de fin de fin match, consécutif à la réduction du score polonaise, ne sera que de courte durée.
Au coup de sifflet final, le soulagement se mêle à la fierté. Seize ans après ses débuts réussis lors de la Coupe du monde 2002 – où le Sénégal avait atteint les quarts de finale, en battant notamment la France – le pays entame à nouveau la compétition de la plus belle des manières. Au fond de l’établissement, Moussa tape dans la main de ses compatriotes. “C’est important de remporter son premier match, ça lance la compétition. Maintenant on espère qu’ils vont nous faire vivre une belle aventure comme en 2002.” Les premiers drapeaux vert-jaune-rouge sont de sortie et viennent animer le quartier jusqu’en milieu de soirée, accompagnés de chants populaires wolof. Dans une nuit parisienne qu’ils voudraient étirer à l’infini, les Sénégalais vibrent pour la première fois lors de ce Mondial, portés par l’ivresse de la victoire. Une victoire et une communion qui laissent présager de belles soirées à venir, à Dakar et à Paris.
Didrick Pomelle et Alexandre Chauveau
« Toute l’Afrique est derrière nous »
Vainqueur de la Pologne, le Sénégal est la seule équipe africaine à s’être imposée lors de son premier match. Les quatre autres représentants du continent (Egypte, Tunisie, Nigéria et Maroc) se sont, eux, inclinés. Après le match, le sélectionneur sénégalais Aliou Cissé se confie en conférence de presse d’après-match : “Toute l’Afrique est derrière nous, c’est une fierté de représenter notre continent.Gagner le premier match, ça vous met dans le bon tempo mais le deuxième et le troisième match sont aussi importants. J’espère que l’Egypte, le Maroc, la Tunisie et le Nigéria se relèveront.”
D.P et A.C