Radio Futurs Média (RFM) est une station de radio privée, appartenant au groupe du chanteur Youssou N’Dour. Elle émet partout au Sénégal et même hors de ses frontières. Nous avons pu entrer dans ses studios, installés dans le quartier de Médina.
9h. Des journalistes arrivent un peu en catastrophe pour la conférence de rédaction. « Désolé, les bouchons… », glisse l’un d’eux à Antoine Diouf, le présentateur. Dakar et ses embouteillages tentaculaires retiennent souvent les reporters. Leur chef le sait. Mais dans la petite salle de rédaction où s’entassent chaises et ordinateurs, leur retard ne passe pas inaperçu. La TV au fond est branchée sur Canal + Sport. Peu après notre arrivée, les journalistes changent pour TFM, la chaîne TV du groupe.
La conférence démarre vite car les sujets ne manquent pas ce 4 juillet : inondations à Kaffrine, coupures d’eau à Dakar et contestations étudiantes de l’Université Gaston-Berger de Saint-Louis localisée au nord du pays. Tandis qu’une dizaine de journalistes assistent à la conférence, d’autres sont déjà sur le terrain pour récolter les sons et les infos qui composeront le Grand journal de 12h, présenté à tour de rôle par Antoine Diouf et Binta Diallo. Au total, une trentaine de journalistes composent l’équipe, avec une dizaine de correspondants répartis dans les 14 régions du Sénégal.

Pour se déplacer, les journalistes peuvent faire appel en permanence à quatre chauffeurs. C’est indispensable, car, comme le rappelle Babacar Fall, le rédacteur en chef : à Dakar, il n’y a ni métro ni RER et en bus, on ne circule pas assez rapidement.
Au cours de cette tranche horaire, l’actualité nationale s’étale sur trente minutes. Le journal international traite en cinq minutes des actualités des pays voisins, comme le Mali, le Gabon et la Mauritanie. Puis, Coupe du monde oblige, le journal des sports est consacré au Mondial en dépit de l’éviction des Lions de la Teranga (surnom de l’équipe sénégalaise). Derrière le micro, Soda Phiam est aux commandes. Ensuite, les mêmes recommencent, cette fois en wolof.
Un lien fort avec les auditeurs
« Grâce à RFM, on a des infos sûres et utiles », chantonne une voix douce d’auditrice. C’est l’un des jingles du Grand journal de 12h. Grâce à sa diffusion dans toutes les grandes villes du Sénégal mais aussi en dehors des frontières, la station touche un grand nombre d’auditeurs. Elle est la deuxième la plus écoutée dans le pays.

Photo : Pierre de Baudoin
Les auditeurs n’hésitent pas à appeler le standard de la radio pour commenter l’actualité. Les émissions politiques sont celles qui font le plus de bruit. « Nos auditeurs nous interpellent sur nos interviews avec tel ou tel homme politique, se réjouit Antoine Diouf. Ils sont assez critiques. »
Cependant, les sujets santé, dont le sida, laissent souvent les auditeurs indifférents. Sans parler des sujets tabous. « Oui, il y a des sujets dont on ne parle pas, comme le sexe. On doit faire lire et relire nos papiers, on marche sur des œufs », déplore Babacar Fall. Mais cette « subtilité » n’est pas sans conséquences. « Sur le long terme, ne pas parler de sexe directement fait que les familles n’en parlent pas entre elles non plus, ajoute le rédacteur en chef. Il faut faire de l’éducation culturelle. »
Certains journalistes souhaiteraient pouvoir aborder plus facilement, voire frontalement, ces sujets ; d’autres estiment qu’ils ne faut pas bousculer les « valeurs » du pays. Ce désaccord nous parle, quand nous pensons à la difficulté que nous avons à lancer les discussions sur l’amour et la sexualité au Sénégal. Mais vous le lirez très vite sur notre site : nous avons réussi à discuter avec les Sénégalais des sujets intimes ou, comme on les appelle ici, des « faits du mariage ».