Demain Dakar a pu assister à la réalisation d’un journal de Radio Futurs Médias dans la capitale du Sénégal. À cette occasion, nous avons rencontré Soda Thiam, jeune journaliste au bureau des sports, l’une des rares femmes à exercer ce métier dans le pays.
Fin de conférence de rédaction dans les locaux de Radio Futurs Médias, au sud de Dakar, ce 4 juillet. Comme dans tous les médias généralistes, c’est en dernier que l’on se penche sur le sport. Au fond de la salle, Soda Thiam prend la parole pour la première fois dans cette réunion. « Pour le journal du Mondial, nous avons un papier de Medhi sur la fin des huitièmes de finale et un sujet sur l’économie de la Coupe du Monde. » À bientôt 32 ans, Soda Thiam est la seule femme du bureau des sports de la RFM, un poste qu’elle n’imaginait pas occuper lorsqu’elle était étudiante.
« Après mon bac, le journalisme est venu à moi », raconte-t-elle en souriant. La passion du football lui est aussi tombée dessus. « Je n’aimais pas ça du tout ! Mais juste après mon diplôme, j’ai eu un stage à Oxy Jeunes, une radio communautaire. » Dans ce média, en 2009, elle découvre la pratique du journalisme, comme le fonctionnement et l’amour du ballon rond. Elle y commente la Novétane, une ligue de football très populaire au Sénégal, qui a lieu pendant l’hiver.
Pas de salaire, mais une passion
Deux ans plus tard, elle rejoint l’école de journalisme de l’ISEG à Dakar. Puis deux ans après avoir validé cette formation, en 2013, elle intègre RFM et touche son premier salaire de journaliste. Il faut de la patience pour parvenir à vivre de ce métier. Au cours des stages, les radios communautaires ne versent pas de salaire : « C’est long, mais c’est comme ça avec les passions ! »

Soda Thiam est aujourd’hui connue pour être l’une des rares femmes à parler de sport dans les médias sénégalais. « Je fais pas mal d’interviews, explique-t-elle. On me demande souvent de raconter ce que je fais lors de la journée dédiée aux femmes. » Mais elle l’assure, «la coexistence avec [ses] collègues masculins se passe très bien ».
« Avant, les femmes n’osaient pas trop aller au stade »
La journaliste est donc libre de parler de football, mais aussi de basket. Les joueurs y sont « beaucoup plus accessibles ». Sous la houlette de son mentor, Abdoulaye Diaw (qu’elle surnomme « la bibliothèque du sport »), elle participe à l’émission En Direct Des Stades sur RFM. « On voyage aussi pour suivre l’équipe du Sénégal de football et pendant les Jeux Olympiques », précise-t-elle.
Sa situation n’est pas courante pour autant. Lorsque de nouvelles stagiaires arrivent, « elles ne sont pas très intéressées par le sport ». Pas de quoi désespérer : « Depuis quelques années, les femmes s’activent. Elles regardent plus le sport, elles vont au stade et en parlent. Avant, elles n’osaient pas trop. » Dans quelques années, une flopée de nouvelles Soda Thiam présenteront des émissions sportives et trouveront leur place dans les cabines de commentateurs.