Prendre un taxi est la meilleure façon de se déplacer dans l’immensité de la capitale. Ceci étant, chaque trajet est une aventure qui commence par une négociation plus ou moins ardue.

Proposer un prix, se le voir refuser une première fois, insister, se le voir refuser une seconde fois, partir, finalement se faire klaxonner. « C’est bon, monte. » Voici comment débutent les courses en taxi à Dakar.

Alors, quand on part en reportage, Charlotte est LA personne à avoir à ses côtés. Sa connaissance des codes sénégalais nous est utile sans arrêt. Après avoir vécu à Dakar pendant un an, notre doyenne maîtrise l’art et la manière d’engager la négociation avec les chauffeurs. Elle connait les bases du wolof, ce qui donne souvent lieu à des trajets pleins d’humour. « Je suis peut-être toubab et journaliste, mais je ne suis pas un pigeon là ! », réplique Charlotte à un taximan hilare, qui se met à applaudir. On ne la fait pas à l’ancienne stagiaire de RFM.

Charlotte s’explique avec le patron de la compagnie de taxi.
Photo : Anthony Audureau.

La règle, c’est qu’il faut négocier avant chaque trajet. Un après-midi, nous devons nous rendre à la TFM (la chaîne de TV de Youssou Ndour). Notre fixeuse sénégalaise réserve trois taxis, en oubliant ce principe primordial. Et puis, par excès de confiance, on ne s’assure pas du montant avant de monter dans les voitures. Une fois devant les locaux de la TFM, les chauffeurs demandent à quelle heure notre rendez-vous se termine : ils veulent faire la course retour. Mais en sortant, la commedia dell’arte nous attend. Trois taximans nous passent leur patron au téléphone, qui réclame 20 000 francs CFA par véhicule. On rétorque qu’on ne paiera pas cette somme. Le tarif est bien trop élevé. A Dakar, intra-muros, une course dépasse rarement 2 500 francs CFA. Les chauffeurs sont remontés, car les pauvres nous ont attendus sous 35 degrés pendant une heure. Pas cool.

Charlotte prend la main. Elle enchaîne les explications au téléphone avec le patron de la compagnie de taxi, puis avec les trois chauffeurs. Le tout saupoudré de *tchip* et de boutades en wolof. « Tu sais très bien qu’ici on ne négocie pas après la course, quoi », lance-t-elle. Un simulacre d’engueulade, rien de bien méchant. Au bout de quarante minutes (!), l’histoire se règle péniblement. Un chauffeur démarre sans être payé, l’autre mène une équipe à bon port pour 15 000 CFA et le dernier nous lâche au beau milieu de la route. On finira dans un autre taxi jusqu’à la Maison de la presse. Bonjour l’ambiance.

Marie Bail

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