À trois heures de route à l’est de Dakar, le bras de mer du Sine Saloum arrose les plaines de son eau salée. Dans la région de Fatick, les terres arides ont remplacé les forêts verdoyantes. Alors il faut replanter des arbres pour garantir cette ressource aux générations futures.
Le sol est blanc. Au point qu’entre la mer et la terre, il est difficile de distinguer la ligne d’horizon quand le soleil vient frapper les immenses plaines. A perte de vue, cette région située à 150 km à l’est de Dakar offre un paysage dénudé et sec. Les récentes pluies ont teinté de vert certaines parcelles aux alentours. Des vaches paissent quelques pousses d’herbe à l’approche de la ville, traversée de routes de terre rouge.
A Fatick vivent 30 000 personnes. Si vous n’êtes pas du coin, il vous sera quasi impossible de savoir quelle porte pousser pour boire un verre. Alphonse et Gilbert tiennent un bar qui diffuse tous les matchs de la Coupe du Monde. Les rues restent calmes. Les journées passent au rythme du soleil et à l’ombre des bougainvilliers. Le temps s’étire en longueur. Comme les prés salés qui bardent la ville.
L’eau que l’on boit à Fatick a un goût de sel. Les seules cultures dépendent de nappes phréatiques fragiles et profondes, dont la salinité demeure acceptable. Il y a trente ans, une forêt verdoyante recouvrait ces plaines. Les jeunes, eux, ne connaissent que le sable. La mer avance. Les vergers reculent. La disparition progressive des plantes à cause de la salinité des sols constitue un enjeu économique et écologique pour les habitants de Fatick. Beaucoup tirent leurs revenus du commerce du bois. Et puis, sans prés, pas de bétail non plus…
Depuis 2010, Abdoul Salam Ba replante des forêts. Forestier de formation, il est devenu chef de projet au sein du Programme de Développement des Énergies Renouvelables (Proder), né de la coopération décentralisée entre la région de Fatick et la Nouvelle Aquitaine en France. Jusqu’à présent, 256 hectares ont été sauvés. Le reboisement est un enjeu crucial pour stopper l’avancée de la mer. Alors, il faut transmettre les techniques aux générations à venir. Nous avons rencontré les habitants de Fatick qui ont pris leur destin en main pour préserver leur descendance d’une note… bien trop salée pour elle.