C’est la chaîne la plus regardée par les Sénégalais. Depuis ses locaux, situés dans le nord de Dakar, la TFM émet dans tout le pays et mêle information et divertissement. Son slogan, « Le miroir du Sénégal », reflète sa volonté de parler au plus grand nombre.
La conférence de rédaction de la TFM (Télé Futurs Médias) a lieu dans une vaste salle. Elle se trouve à l’étage d’une maison labyrinthique en construction. Autour de la table, Hadiya Talla, rédacteur en chef du soir, et Sarah Cissé, coordinatrice de la rédaction, dirigent la réunion. Nous sommes quelques heures avant le journal de 19h30. La première édition, en wolof, est la plus regardée. À 20 heures, le même journal diffusé à la télévision est présenté en français.
Au menu du jour, la reprise des tensions entre les étudiants et l’État. Aussi, le conflit qui oppose Auchan et les commerçants dakarois. Enfin, le match à venir entre la France et l’Uruguay. « Tous les sujets sont tournés par nos reporters au Sénégal ou nos quatorze correspondants à l’étranger, de Washington à Nouakchott. Cela nous permet de produire des journaux de qualité avec nos images », affirme-t-elle.
Les rôles se répartissent dans un calme que seul le vrombissement de la climatisation vient perturber. La rédaction de la TFM est trentenaire, paritaire, et se veut représentative de la population. « On essaye de toucher toutes les classes sociales, et notamment les plus vulnérables. La jeunesse et les femmes en font partie » glisse fièrement Astou Mbène Thioub, rédactrice en chef depuis le mois de mai dernier et membre active de la réunion.

« Nous travaillons à la télévision en toute indépendance »
Pourtant, la chaîne est parfois surnommée « Télé Falaat Macky » (« favorable président Macky Sall ») par ses détracteurs. Hadiya Talla balaye : « Ce sont des rumeurs. Nous travaillons en toute indépendance et souhaitons participer à l’épanouissement du pays. Les Présidents sont de passage, pas le peuple. »
Selon lui, Youssou Ndour, le président du groupe, s’entendrait même reprocher le contenu des sujets de la chaîne. « Je suis fier que Macky l’interpelle pour lui dire “Attention à ta télé, vous tirez vraiment sur nous”. Dans tous les cas, on se doit d’être juste, il faut aussi dire quand les choses vont bien. Mais on préfère critiquer, les trains qui arrivent à l’heure ne nous intéressent pas. La majorité et l’opposition affirment que l’on marche pour le camp opposé, donc on doit bien faire notre travail », se félicite le rédacteur en chef, dans son costume gris impeccablement taillé.

Le métier de journaliste est de plus en plus remis en question ces dernières années, notamment avec l’émergence des réseaux sociaux. Alors que débute la visite des studios semblables à ceux de la télévision française, Sarah Cissé argumente : « Tout le monde peut devenir journaliste, dès lors qu’on est capable de produire de la vidéo ou d’écrire un article. Mais la qualité de l’information pose problème ». La loi qui régit la profession devrait ainsi évoluer pour protéger davantage les journalistes. Mme Cissé poursuit : « Certaines entreprises pouvaient fabriquer leurs propres carte de presse et les donner à leurs employés. Ça fausse le marché. »
Avant de se quitter, Hadiya Talla déplore que certains sujets soient compliqués à traiter. « Les reportages dans les prisons par exemple. Les procédures sont longues. Certaines autorités se braquent et pensent qu’on vient chercher la petite bête. Or, la rétention d’informations peut conduire le grand public à imaginer des choses fausses.» Autre sujet, l’homosexualité, « qui peut choquer » dans un pays à plus de 95% musulman. La chaîne diffuse avant tout du divertissement. Elle compte bien contribuer à l’éducation de la jeunesse grâce à une information libre et de qualité.