Une nouvelle étape est franchie. Après les Vélib, la verbalisation du stationnement et Autolib, la Ville de Paris cède une nouvelle fois aux sirènes de la privatisation. A la différence qu’aujourd’hui, la mairie a choisi de cibler le service public ultime, l’intouchable : la crémation. Alors qu’arrivait à échéance en 2018 la délégation de service public en charge de la gestion du crématorium du Père Lachaise, l’adjointe chargée des espaces verts Pénélope Komitès a lancé un appel d’offres pour les trente prochaines années. Et la palme revient à la société Funécap, également investi de la mission de construire un deuxième crématorium, à la Porte de la Villette.
Privatiser la mort, c’est bien le chemin pour lequel opte aujourd’hui la capitale. Le porté sur une entreprise privée aura les mêmes conséquences qu’à l’accoutumée : privatiser les profits, mutualiser les pertes et une dégradation probable du service. D’ailleurs, qui donc viendra juger de sa qualité ? On imagine difficilement un mort renaître de ses cendres pour crier au scandale d’une crémation de qualité médiocre. Et les familles en peine se garderont bien, dans leur chagrin, de courir au guichet du service après-vente afin de réclamer remboursement.
Mais le choix de la mairie apparaît d’autant plus aberrant que la proposition de Funécap apparaît aussi comme la plus polluante : Grrr tandis que fleurissent les idées autour de l’humusation – alternative verte aux funérailles traditionnelles qui consisterait à à transformer les corps en humus -, l’entreprise qui a conquis le coeur de Paris revendique sans complexe un crématorium enterré fonctionnant exclusivement avec des fours à gaz. En face, la société publique historiquement en charge du service funéraire public avait proposé un bâtiment végétalisé et fourni en énergie électrique, achetée verte à 100%.
Le service public funéraire accompagne chaque année le deuil de 300 000 Parisiens. Le sacrifier sur l’autel de la rentabilité, au risque de faire exploser le prix des obsèques, tel est le choix dangereux vers lequel s’achemine la Ville… finira-t-on, comme ce fut le cas en Belgique, par remettre aux familles endeuillées les cendres d’un précédent défunt, pour ne pas perdre de temps à attendre que celles de l’être cher refroidissent?
NJ