Dominique Dupriez, l’homme qui attend

Dominique Dupriez est sans domicile fixe depuis peu à Paris. Rencontré au square Alex Biscarre, place Saint-Georges dans le 9e arrondissement, il attend. Il espère une réponse des assistants sociaux et recherche du travail. Et ça prend du temps.

« J’aime bien les jardins et puis maintenant, il y a des fleurs. C’est mignon. Mais je suis allergique au pollen », affirme Dominique Dupriez. Sur son banc vert, cet homme de 59 ans au faux air de Bernard Blier attend. À côté de lui quelques sacs contiennent ses affaires. Le reste, il l’a caché à droite à gauche pour les mettre en sécurité. « Je vis dans une cave », ajoute-t-il. Là, demeure aussi une partie de son « patrimoine ».

Né le 3 août 1960, il a quasiment toujours vécu dans la capitale. Paris, c’est donc une grande partie de sa vie, à part un an de service militaire en Allemagne et quelques mois à Arras. Il connaît donc plutôt bien la ville. Il la sillonne comme coursier. Il transporte courrier, colis en métro. Mais, hélas, ce travail se raréfie. Quant à être coursier à vélo, il trouve ça trop dangereux. Et puis il faut être jeune, assure-t-il. Il n’a pas vraiment de quartier préféré. Il aime bien les jardins. Le 9e lui plaît plutôt. Celui qu’il déteste : le 18e. « Ce n’est pas sain là-bas… Ce n’est pas bien. », explique-t-il.

Impossible de penser à long terme

Dans le parc, en jogging et polo noir, une veste marron posée à côté de lui, il attend un rendez-vous et une réponse du centre social. Mais il est assez désabusé. « Ils font des promesses, mais rien n’est fait », regrette-t-il. Le mieux pour faire avancer les choses, c’est encore une rencontre en face-à-face. « Au téléphone, c’est ‘blablabla’ », estime Dominique.

La solidarité, pour lui, ce n’est pas vraiment ça. « Il y en a et c’est bien mais ce n’est pas suffisant », regrette-t-il. Les amis, les proches… C’est compliqué selon lui. Le centre social lui a demandé s’il avait de la famille. Il en a dans le Nord à Arras mais il ne veut pas quitter Paris.

Dominique ne peut pas se projeter dans le futur. Quand on lui demande ce qu’il voudrait faire, une fois sa situation apaisée, sa réponse est difficile : « On vit d’abord le quotidien ». Pourtant, une lueur d’espoir existe. D’une part, le centre social résoudre sa situation. D’autre part, dans quelque temps, il va commencer à être coursier pour un médecin. Il ne sera ainsi plus contraint à attendre sur son banc.

Thibault LECOQ