Les derniers jours d’une eurodéputée

Élue pour la première fois en 1999, Catherine Stihler n’avait que 26 ans lorsqu’elle est devenue la plus jeune eurodéputée du Parlement. Réélue trois fois sous la bannière du Parti travailliste, l’Ecossaise vit le Brexit comme un déchirement.

Catherine Stihler dans son bureau du Parlement, au 13ème étage de la tour du groupe socialiste. © Marie Fiachetti

Dans le bureau de Catherine Stihler, des photos de sa famille surplombent classeurs et dossiers, les murs sont ornés de nombreuses œuvres d’art, son canapé à motifs est recouvert d’un épais plaid… La députée a fait de son bureau bruxellois sa deuxième maison. Il lui est même arrivé de venir siéger en séance avec son fils Andrew dans les bras. Ce qui ne l’empêche pas de retourner régulièrement en Ecosse : « Si vous voulez représenter un pays, vous devez y habiter. »

Brexit oblige, la députée de 44 ans se prépare à abandonner son siège de parlementaire. Le comble : elle n’a pas pu prendre part au scrutin, vivant hors du Royaume-Uni depuis plus de quinze ans. Ce vote, la députée travailliste l’a vécu « comme un choc », à l’image de la majorité des Écossais, opposés au Brexit.

« Perdre mon statut d’européenne c’est perdre une partie de mon identité »

La députée tire un trait sur un pan de sa vie. Elle se souvient avec nostalgie de ses jeunes années passées en Allemagne et en Italie à travailler dans des hôtels : des déplacements qui ont été facilités par l’Union européenne. « Ça a été de belles expériences. J’ai deux enfants, et eux ne pourront pas bénéficier des mêmes avantages », déplore-t-elle. Mais c’est surtout une part de son identité qu’on arrache. Sa carrière et son engagement reposaient sur un idéal européen : « Je voyais l’Union comme le processus de paix le plus efficace au monde ». Le Brexit marque la fin d’une époque : « Le temps des espoirs qui a suivi la chute du mur de Berlin est terminé. Au moins, je suis heureuse d’y avoir participé ».

Sans l’Union Européenne, plus d’engagement  politique

Catherine Stihler pense désormais à sa reconversion. « Dans ma famille, j’étais la première à exercer un mandat électoral. Aujourd’hui, je n’ai plus de raison de rester en politique», confie la députée. Après dix-huit ans passés au service de l’Union Européenne, celle qui se présente comme une « internationaliste » retournera dans son pays natal. Élue rectrice de l’université de St Andrews en Ecosse en 2014, elle songe à se reconvertir dans l’enseignement, suivant ainsi les traces de ses parents, tous deux professeurs. 

Lucie Barbazanges, Louis Belin, Marie Fiachetti, Léa Kebdani

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