Les Français plus optimistes sur l’avenir économique

Marc-Olivier Strauss-Kahn, directeur général en charge des études et des relations internationales, à la Banque de France - Photo DL

Ils sont 26% à penser que la situation économique va s’améliorer dans l’année à venir en France, contre seulement 13% en 2016. C’est ce qui ressort du sondage de la Banque de France« Les Français et l’économie », réalisé chaque année pour les Journées de l’économie. L’enquête Kantar Public a été révélée ce matin lors de la séance d’ouverture. Marc-Olivier Strauss-Kahn, l’un des directeurs généraux de la Banque de France, participait à cette première conférence de l’édition 2017. Il commente pour nous les résultats-clés du sondage, qui montre également un renouveau de l’intérêt des Français pour l’économie.

Une majorité de Français encore pessimistes

Même si 35% des sondés pensent que la situation économique de la France va se dégrader, on observe une nette progression de l’optimisme. 26% des Français pensent que la situation économique va s’améliorer dans l’année à venir. C’est de loin la proportion la plus élevée enregistrée depuis 2014 et elle augmente nettement en un an (+13 points). Certains y verront un effet de l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République en mai dernier. D’autres y percevront un « effet croissance » après l’annonce par l’Insee d’un PIB à +1,8% en 2017 contre +1,2% en 2016.

Un regain d’intérêt des Français pour l’économie

Autre enseignement de l’enquête de la Banque de France, plus de la moitié (56%) des personnes interrogées déclarent s’intéresser à l’économie. Un chiffre en légère hausse par rapport à l’an dernier (+4 points). « Cette augmentation peut s’expliquer par le contexte post-électoral et de réformes économiques » d’Emmanuel Macron, avance Marc-Olivier Strauss-Kahn. Après la réforme du Code du travail actée en septembre, le président de la République a lancé en octobre le chantier de l’assurance chômage, de la formation professionnelle et de l’apprentissage. Le sondage mené par Kantar Public permet également de réaliser un portrait-robot du Français intéressé par l’économie : un homme (60% se disent intéressés par l’économie) de 50 ans ou plus (63%) diplômé du supérieur (65%).

Une demande pour plus d’intégration européenne

Alors que les Français ont porté Marine Le Pen, une candidate ouvertement anti-européenne, au second tour de la présidentielle, le sondage montre paradoxalement que les personnes interrogées souhaitent une plus grande intégration européenne, c’est-à-dire plus de décision au niveau communautaire. 85% demandent davantage de coopération en matière de défense, 83% en matière de politiques d’immigration ou encore 75% en matière de coordination des politiques sociales. « En économie, les Français veulent aussi plus d’intégration, souligne Marc-Olivier Strauss-Kahn. C’est vrai de la coordination fiscale (74%), des investissements dans les infrastructures (70%) et même de la coordination des politiques économiques et budgétaires (65%). »

Les Français surestiment moins l’inflation

En septembre dernier, l’inflation était de +1,3% sur un an, contre +0,4% à la même époque en 2016. Une progression qui s’explique par l’accélération des prix de l’alimentation et de l’énergie. Quand on les interroge, 24% des sondés croient que la hausse des prix est supérieure ou égale à 2%, ce qui signifie qu’un sondé sur quatre surestime l’inflation. C’était déjà le cas – de manière encore plus forte – lors de l’enquête 2016. « Surévaluer l’inflation est un phénomène classique, assure Marc-Olivier Strauss-Kahn. Les gens voient plus souvent au quotidien les prix qui augmentent, comme ceux de l’alimentation ou de l’essence, que ceux qui baissent, tels que ceux des ordinateurs, un bien durable dont le prix baisse ou la qualité augmente plus que le prix. »

Les solutions des Français pour faciliter le logement

Pour la première fois, l’enquête de la Banque de France a consacré cette année une question au logement. Ce sera le thème de l’un des conférences des Journées de l’économie version 2017. Les sondeurs ont demandé aux Français quelle politique ils privilégieraient pour faciliter le logement. Une proposition arrive en tête : 30% des personnes interrogées souhaiteraient un allègement des contraintes et des charges des propriétaires, afin de favoriser la location de logement. 17% prônent un allègement des contraintes réglementaires pour favoriser la construction de nouveaux logements. « Soit un total de 47% globalement favorables à moins de contraintes, c’est-à-dire presque autant que les 48% de sondés favorables à des mesures concernant les logements sociaux, que ce soit pour permettre aux locataires de les acheter (24%) ou bien pour développer en priorité leur construction dans les zones de plein emploi (24% également) », note Marc-Olivier Strauss-Kahn.

Sondage Kantar Public réalisé entre le 12 et le 14 octobre 2017 auprès de 967 individus âgés de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

Julien Da Sois