Allez hop ! tout le monde à la campagne

Le retour des populations vers les périphéries rurales signe la fin du monopole de l’attractivité de la ville. Les métropoles ne sont plus les seules à faire rêver. Source d’opportunités, la cohabitation avec les ex-citadins pose aussi des défis aux écosystèmes ruraux.

Les chercheurs présents aux Journées de l’Economie ont remarqué une tendance migratoire vers les territoires ruraux à proximité des villes. Lors de la conférence « Quelles relations ville-campagne au XXIe siècle ? », la campagne semble être devenue une terre d’accueil pour des citadins fatigués de la ville.

Selon une étude de l’INSEE publiée en janvier dernier, les grandes villes n’accueillent plus aujourd’hui qu’une petite part de la population et leur accroissement ralentit. Pour vingt-sept d’entre elles, même, leur nombre d’habitants a diminué entre 2009 et 2014. « En 2014, les cent communes les plus peuplées regroupent au total un habitant sur cinq (21,5 %) en France. Cette proportion est en net repli par rapport à 1962 (27,2 %) » peut-on lire sur le site de l’INSEE.

Franck Chaigneau, responsable ruralité à la Caisse des Dépôts, remarque depuis quelques années la nouvelle dynamisation des centres-bourgs.  » La ville représente la modernité excessive avec sa pollution, l’isolement social de ses habitants et son insécurité. Il y a une retournement de perception qui met en désir la campagne » observe-t-il.

« Les néo-ruraux recherchent plus de ‘nature’, mais cette ‘nature’ c’est le résultat du travail des agriculteurs qu’il faut respecter« , souligne Sébastien Briffond, administrateur de la coopérative Limagrain. Cette agriculteur cultive des céréales, oignons, pommes de terre et betteraves sucrières à 15 kilomètres de Clermont-Ferrand.

Sa commune de 2 000 habitants est en « pleine mutation ». Selon lui, cette diffusion citadine représente des opportunité économiques grâce à de nouveaux débouchés mais implique aussi des conflits d’usage. « Certains arrivants qui continuent à travailler en ville se réjouissent de se promener le dimanche et de caresser les vaches mais ne supportent d’être coincés derrière un tracteur« , continue-t-il avec un brin d’ironie.

La campagne comme source de richesses

« Il faut prendre conscience que les campagnes ne sont pas à la remorque des métropoles et qu’elles créent des richesses » pointe Sébastien Briffond en rappelant que l’agriculture est une source d’emplois. De nouveaux projets entrepreneuriaux publics émergent également, confirmant le dynamisme économique des campagnes. Gwenaël Doré a présenté les nouveaux contrats de réciprocités entre espaces ruraux et métropoles. Par exemple le contrat lancé en 2015 entre Brest et le pays Centre-Ouest Bretagne, consiste principalement à la promotion des échanges économiques entre les deux zones géographiques.

« Nous avons affaire à de nouvelles centralités. De nombreuses discussions sont encore nécessaires pour trouver un nouvel équilibre », raconte Franck Chaigneau. Sébastien Briffond nuance : « Mais il faut absolument y inclure les agriculteurs encore sous-représentés dans les discussions publiques. »

Gaëlle Caradec