La transition énergétique est trop lente

L'Union européenne s'est fixé comme objectif que 20% de son énergie soit issue de l'énergie renouvelable. Photo Kim Hansen

En pleine COP 23 (du 6 au 17 novembre à Bonn) sur les changements climatiques, les Jéco font un constat: la transition énergétique ne se déroule pas à la vitesse souhaitée.

« La dérive climatique s’accélère, tous les indicateurs sont au rouge« : c’est par ce constat plus que pessimiste que démarre l’intervention d’Alain Grandjean, cofondateur de Carbone 4, au début de cette table ronde sur la transition énergétique. Il préconise une baisse de l’émission des gaz à effet de serre, ainsi qu’une baisse de la consommation énergétique. Selon lui, si on ne fait rien : « On partira sur un monde avec une augmentation de 3 à 4 degrés au lieu des 2 négociés dans le cadre des accords de Paris en 2015. »

Un sujet brûlant après que Nicolas Hulot a admis hier que le pays ne serait pas capable de tenir les engagements du précédent quinquennat de ramener la part du nucléaire à 50% en 2025. Alors que le processus de transition vers une énergie plus verte est en route depuis de nombreuses années, la situation n’avance pas très vite.

Besoin de temps

Une des causes du retard pris : le temps nécessaire à la construction des infrastructures. « Il faut au moins 6 ans pour construire un champ éolien« , explique Philippe Blanquefort, directeur régional de la Caisse des Dépôts de la région Auvergne-Rhône-Alpes. « 6 ans, c’est plutôt optimiste« , s’exclame Alain Grandjean. Autre exemple : il faut une dizaine d’années au minimum entre le projet et la construction d’une centrale hydroélectrique.

Les investisseurs font preuve de bonne volonté mais ils ont besoin de temps, une contrainte dont la planète aimerait bien se passer, comme le souligne justement Christian Ménanteau, journaliste et modérateur de cette table ronde : « Vous demandez du temps, mais on n’en a plus. »

L’investissement s’accélère

Malgré l’urgence évidente, les débatteurs sont plutôt optimistes. « Il y a une prise de conscience partout, les projets sont de plus en plus nombreux« , sourit Philippe Blanquefort. Manuel Baritaud, économiste à la Banque Européenne d’Investissement, renchérit : « On est en mesure d’accélérer l’investissement maintenant« .

Mais tant que le prix du carbone ne sera pas fixé et plus élevé qu’actuellement, cela ne suffira pas pour Alain Grandjean, qui souhaite que le montant de la tonne de carbone soit compris entre 20 et 30 euros. Mathilde Lemoine, cheffe économiste au groupe Edmond de Rotschild, conclut : « Il suffit de faire payer la pollution  à son juste prix. Pour le moment ce n’est pas le cas, du coup cette transition énergétique prend du temps« .

Anne Thirion