
Robotisation, intelligence artificielle : le travail ne sera-t-il bientôt qu’un lointain souvenir ? Lors de la conférence « Comment le progrès transforme le travail », des économistes se sont laissés aller à imaginer un monde de demain, sans travail…
Dans un futur proche, 80% de la population est au chômage, un véritable mur les sépare des 20% qui détiennent encore un emploi. Du mauvais côté du mur c’est l’Enfer. Il n’y a plus d’eau, la pauvreté est omniprésente, tout comme la drogue. De l’autre côté, ce n’est pas beaucoup mieux, les salariés s’entretuent pour conserver leur job, leur vie est morose et hygiéniste. Rassurez-vous, ce n’est que le scénario de la série dystopique, Trepalium qui se penche sur les dérives du capitalisme.
Pour le moment pas de panique: « seuls les travaux routiniers qui ne nécessitent pas de relations interpersonnelles ou de réflexions abstraites tendent à diminuer« , rappelle le professeur d’économie Jean-Olivier Hairault. Il cite notamment le métiers de guichetier dans les banques remplacé par les distributeur automatiques. Quant aux professions à forte valeur ajoutée, elles se développent toujours plus .
Finalement si le chômage à fortement augmenté ces dernières décennies, passant de moins de 4% en 1970 à plus de 10% dans les années 2010, le taux d’emploi, c’est à dire la proportion de personnes disposant d’un emploi parmi celles en âge de travailler (15 à 64 ans) est resté plutôt stable. Cela s’explique par le nombre important d’actifs entrant sur le marché du travail.
Et dans 30 ans?
Pour le moment le progrès technologique a surtout affecté les emplois les moins qualifiés, car ils sont plus facilement codifiables. Les produits de ces secteurs sont donc moins valorisés créant ainsi de plus grandes inégalités dans la société.
Mais selon Gilles Saint-Paul , professeur d’économie à l’Ecole Nationale Supérieure (ENS) cette situation va bientôt évoluer, le progrès va toucher les métier intellectuels : » les médecins vont aussi être remplacés par des robots« , prédit-il. Il imagine que les patients seront dotés de capteurs qui permettront d’obtenir un diagnostic grâce à une application de smartphone. » C‘est pour le mieux car les inégalités vont diminuer étant donné que tous les biens et services deviendront moins chers« , pense t-il.
Le professeur estime que le monde va considérablement changer dans les trente ans venir. Il définit trois scénarii possibles :
- Le pays a évolué vers une société de rentiers, comme c’était le cas pour la petite bourgeoisie du XIXe siècle. Les rentiers auront des parts dans des usines de robots qui seront transmises aux descendants des propriétaires.
- Les droits de propriétés sur les robots sont répartis de façon très inégalitaire. Une minorité possède énormément de machines alors que la majorité en possède très peu. Un système redistributif étatique se mettra en place, la production des robots sera en partie transférée aux néo-prolétaires ( ceux qui n’auront pas de travail).
- Un système clientéliste similaire à celui qui était en place dans l’Empire romain s’instaurera. C’est-à-dire que les propriétaires de robots, des sortes d’oligarques assureront la subsistance à certains, la plèbe, en échange de loyauté, de soutien politique, etc.
Bon, même si les voitures peuvent se conduire elles-mêmes et que la gestion des stocks de certaines entreprises est effectuée uniquement par des machines, on n’y est pas encore. Grâce à la magie d’Internet vous pourrez relire cet article en 2047 et vérifier par vous-même si ces prédictions se sont révélées exactes.
David Simantov Lévi