Comment rendre la zone euro plus efficace ?

L'une des propositions avancées lors de la conférence "Vision propsective sur l'Europe" consiste en la création d'un billet d'un euro, afin de retrouver la valeur de la monnaie. Photo : DR.

La zone euro ne fonctionne pas de manière optimale. Un constat partagé par les intervenants de la conférence « Vision prospective sur l’Europe ». Trois pistes très concrètes ont été abordées, notamment la création d’un billet d’un euro.

1_ Prolonger les politiques monétaires non-conventionnelles

Après la crise de la zone euro entre 2010 et 2012, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de mettre en place des politiques monétaires non-conventionnelles, parmi lesquelles le fameux « quantitative easing ». Il consiste pour la BCE à racheter des titres de dettes d’Etat, afin d’injecter de la liquidité dans l’économie dans le but de la faire repartir. Le mois dernier, l’institution monétaire a annoncé qu’elle allait prolonger ses rachats de dette publique jusqu’en septembre 2018, tout en les réduisant. Ils passeront de 60 milliards d’euros par mois à 30 milliards d’euros à partir de janvier. Pour Jérôme Creel, directeur du département des études de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques)/Sciences Po, la BCE pourrait prolonger le « quantitative easing » même après que l’Europe ait retrouvé une croissance forte et durable. « En répartissant ses rachats d’actifs en fonction des pays, elle pourrait aider les Etats à réduire leurs dettes et recouvrer des marges de manœuvre budgétaires », explique l’expert.

2_ Créer un billet de banque de 1 euro

L’euro est une monnaie de référence dans les échanges internationaux, au même titre que le dollar. Mais contrairement à la monnaie américaine, il n’existe pas de billet de 1 euro. « Les étrangers venant de l’extérieur de la zone euro ne peuvent donc pas utiliser notre monnaie pour les petits règlements, car il n’y a que les billets qui sont changeables », regrette Louis Giscard d’Estaing, conseiller spécial délégué à la promotion internationale de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Un autre problème a été soulevé par le maire de Chamalières (Puy-de-Dôme): il y avait avant l’euro en Grèce un billet de 100 drachmes, l’équivalent de 22 centimes d’euro. « Alors qu’aujourd’hui, le plus petit billet fait 5 euros, ce qui altère la valeur de notre monnaie », déplore l’ancien député du Puy-de-Dôme.

3_ Améliorer la convergence des politiques économiques

Pour tous les intervenants de la conférence, il faut davantage de convergence économique entre les 19 Etats membres de la zone euro. Elle peut prendre la forme soit d’une coordination, soit d’une intégration. « La coordination consiste pour les gouvernements à se mettre d’accord sur les politiques nationales à mettre en place. Alors que l’intégration, c’est quand les pouvoirs publics de chaque Etat se mettent d’accord sur un partage des ressources et un budget commun », précise Agnès Bénassy-Quéré, présidente déléguée du Conseil d’analyse économique, une instance qui conseille le Premier ministre. Selon elle, la coordination des politiques économiques dans la zone euro a été « un échec » ces dernières années, donc « il vaut mieux une intégration économique ». Une idée préconisée par Emmanuel Macron et présente dans le programme de travail de la Commission européenne pour 2018. « Il est question d’avoir un budget de la zone euro, qui serait une émanation du budget européen, assure Jérôme Creel. Ce serait un petit budget, qui n’aurait pas moins de quatre objectifs à poursuivre. Donc, pour moi, cette mesure ne serait pas efficace. » Alors que les partis europhobes montent un peu partout en Europe, cette décision marquerait tout de même un tournant vers davantage de fédéralisme dans la zone euro.

Julien Da Sois

Bruno Le Maire favorable à la création d’un géant européen de l’intelligence artificielle

Et si l’Europe devenait la place forte de l’intelligence artificielle dans le monde ? C’est l’ambition du ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire. Dans le discours qu’il a tenu ce jeudi aux Jéco à l’occasion de la conférence « Vision prospective sur l’Europe », l’ancien député a annoncé la création d’un fonds français pour l’innovation de rupture de 10 milliards d’euros, ainsi que la constitution d’un fonds identique à l’échelle européenne. Il servirait à financer une innovation de rupture qu’aucun Etat ne pourrait assumer seul. « Il n’y aura pas de Google européen, mais il pourrait y avoir un géant de l’intelligence artificielle », a déclaré le ministre. Il propose que « l’Europe fasse de l’IA sa conquête de demain » et qu’elle « construise son propre géant » dans ce domaine.