Egalité femme-homme: la bataille est loin d’être gagnée

Tous les milieux professionnels, pas seulement le cinéma, la politique et les médias, sont touchés par la vague de révélations de cas de harcèlement sexuel. La parole se libère. Pour autant, selon les intervenants de la conférence « Vers l’égalité professionnelle », la solution n’est pas pour demain. Plus globalement, la parité homme-femme au travail semble encore très lointaine.

Le 2 novembre 2017, le Forum économique mondial présentait son rapport sur la parité entre les femmes et les hommes. Parmi les conclusions du document, ce chiffre étonnant : en considérant les progrès déjà effectués en la matière, il faudrait 100 ans pour que l’écart professionnel mondial entre les sexes se résorbe, et 217 ans pour atteindre une égalité parfaite. En cause : non seulement les discriminations salariales, mais également les opportunités avant même de commencer à travailler.

Pour l’économiste Anne Boring, « les inégalités commencent avant même l’entrée sur le marché du travail » avec une concentration des jeunes femmes sur les métiers les moins rémunérateurs. « Il faut y voir le poids de stéréotypes de genre qui ont été intériorisés par les filles », poursuit la chercheuse. Les jeunes femmes sont découragées de s’engager dans certaines voies alors qu’elles y sont parfois aussi compétentes que leurs homologues masculins. « A l’issue d’un master en sciences économiques par exemple, 56% des femmes décrochent un emploi stable contre 68% des hommes », note-t-elle.

Des entreprises s’engagent

Seul homme présent lors de la conférence, et également seul représentant du monde de l’industrie, Charles Fiessinger reconnaît qu’il y a des progrès à faire. Le « manager diversité » du groupe Michelin prédit que « les femmes vont devenir plus exigeantes vis-à-vis des employeurs, et elles auront raison ! » Partant du principe qu’on ne peut pas « se priver des talents de 50% de la population », le groupe français se lance timidement dans la lutte contre les stéréotypes de genre, en particulier pour les postes à responsabilités. « D’ici 2020, notre objectif c’est qu’un tiers de nos managers soient des femmes, nous sommes déjà à 26%. » Un chiffre qui peut paraître bien dérisoire, mais qui atteste tout de même d’un progrès dans un secteur où les structures « genrées » ont un poids considérable.

« Il faut bien comprendre que les hommes, comme les femmes, ont tout à gagner dans la fin du sexisme ordinaire », a poursuivi Charles Fiessinger. Une notion que le public, composé en grande partie d’étudiants et de lycéens, a eu du mal à comprendre. « Pourquoi faudrait-il que les hommes et les femmes soient à égalité ? » demande par texto un spectateur… ou une spectatrice. La preuve que la bataille pour l’égalité est loin d’être gagnée.

 

Bertrand Mallen