Les GAFA, cavaliers de l’Apocalypse

La puissance croissante des GAFA inquiète. Certains économistes craignent une hégémonie de ces entreprises dans toutes les sphères de notre vie. Heureusement, ces géants internationaux ne sont pas invincibles.

« Le paradigme des GAFA est de supprimer l’homme ! » : rassurons nous, Michèle Debonneuil, administratrice de l’INSEE, ne vas pas jusqu’à comparer Google et compagnie au Skynet de Terminator.

Néanmoins, l’ancienne inspectrice des Finances s’inquiète du poids croissant des entreprises de l’informatique dans l’économie mondiale. Sa plus grande inquiétude est leur recherche effrénée du coût marginal nul, autrement dit le remplacement de la main-d’œuvre humaine par des robots dociles.

Or, cette crainte ne fait que s’ajouter aux nombreuses critiques qui s’élèvent depuis l’émergence des géants du numérique :  utilisation marchande des données personnelles, monopoles de marché, opacité des algorithmes dont dépendent beaucoup d’entreprises…

Influence politique

La force de frappe des GAFA est immense. Le président de l’Observatoire de l’uberisation, Denis Jacquet, parle de véritables « empires« .  Par exemple, 90 % des recherches Internet en Europe se font sur Google. Et les GAFA représentent à eux-seuls 75 % de la capitalisation financière des Etats-Unis.  Il s’agirait pour Denis Jacquet d’ « une pyramide de Ponzi » dont l’effondrement pourrait provoquer une crise financière majeure.

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Infographie: Les GAFA toujours plus riches | Statista Vous trouverez plus de statistiques sur Statista

Il est possible de parler de « bulle technologique » car la valeur réelle des entreprises des GAFA est, pour l’instant, surévaluée. La valorisation financière de Google, par exemple, est d’environ 142 milliards de dollars alors que le bénéfice net de l’entreprise au niveau mondial n’est que d’environ 20 milliards de dollars.

L’influence croissante des GAFA dépasse le domaine économique. « Le Danemark a, par exemple, créé un poste d’ambassadeur délégué aux GAFA. C’est dire de l’influence que nous prêtons à ces entités. Malheureusement, ces géants internationaux ne devraient pas avoir le monopole de la représentation politique. Ils ne sont pas les garants des intérêts des citoyens« , s’alarme Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes.

David contre Goliath

La puissance économique et politique des GAFA pourrait inquiéter. Pourtant, l’apocalypse n’est pas forcément pour tout de suite. Si l’Europe peine à s’unir pour faire face à ces entreprises selon Christian Saint-Etienne, docteur en économie, Gilles Dowek, enseignant et chercheur en informatique, estime qu’il est possible pour les citoyen de faire front face aux GAFA. « Les géants de l’informatique sont très sensibles à leur image car leur seule ressource, c’est vous et vos données. » Les citoyens auraient là un levier considérable pour infléchir les politiques des entreprises.

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Et paradoxalement, si la puissance de groupe comme Facebook repose sur l’effet de réseau _ plus un bien ou un service est utilisé par des personnes différentes, plus il prend de la valeur _, les GAFA ne comprendraient rien à ce concept, selon Gilles Dowek.  La meilleure illustration serait la montée en puissance de Linux face à Microsoft. Sa force : son aspect ouvert et collaboratif. L’inverse même de Microsoft. « Nous avons l’impression que les ogres GAFA vont dévorer les petits Poucet que nous sommes. Cependant, nous pourrions être David qui renverse Goliath ! »

Benjamin Campech