
La blockchain est une technologie source «d’énormément de fantasmes », selon Stéphane Marchand, rédacteur en chef du magazine Pour l’Eco. Il animait, ce mardi, une conférence consacrée à « La révolution blockchain ». L’occasion de faire – ou refaire – un peu de pédagogie sur ce sujet un peu complexe et surtout (très) méconnu.
Cryptomonnaies, bulles spéculatives, blanchiment d’argent…ces sujets reviennent souvent, dans les articles consacrés à la blockchain.
Au cœur de nombreux fantasmes, cette thématique s’en retrouve à la mode. « Il y a du blockchain-washing, explique Richard Baron, maître de conférence en informatique à l’université Jean-Monnet, on essaye de s’en servir dans tous les secteurs et parfois à tort, comme pour la codification agroalimentaire. »
La blockchain, comment ça marche ?
La blockchain est une technologie aux usages multiples, à ne pas réduire aux monnaies cryptées et notamment au Bitcoin. « Le Bitcoin n’est qu’une illustration de la blockchain », abonde Sam Guillaumé, co-fondateur de la start-up Twin Peek.
Et de tenter une définition littéraire de la blockchain, une technologie qui aiderait aux « relations de confiance entre identités qui ne se connaissent pas ».
La blockchain, c’est une base de données, explique Richard Baron. Mais une base de données un peu particulière. Elle est définitive, personne ne peut modifier ses contenus. Transparente, tout le monde sur le réseau peut la consulter. Et décentralisée, personne n’a la main sur son réseau hébergé par des ordinateurs dans le monde entier.
La blockchain, à quoi ça sert ?
Ces données peuvent être des transactions, c’est le cas pour les cryptomonnaies, ou des mots, des bouts de code informatique, des contrats… Des données que l’on peut s’échanger la conscience tranquille, en sachant qu’elles ne sont pas modifiables et restent consultables à tout moment.
Alors, la blockchain, ça sert à quoi ? Sam Guillaumé et la start-up Twin Peek proposent d’aider les internautes à monétiser leurs données numériques. Par exemple de vendre à un constructeur automobile l’information que l’on envisage d’acheter une nouvelle voiture, de tel modèle ou coloris.
Vendre ses informations personnelles, en conservant son anonymat tout comme sa Carte bleue – pour pouvoir, si besoin, s’acheter cette nouvelle voiture –, la blockchain le rend possible. Banques, marques et internautes peuvent via la blockchain échanger, théoriquement, des informations en sécurité.
C’est là le vrai pouvoir de la blockchain, comme l’assure Nicolas Barbaroux, maître de conférence en économie à l’université Jean-Monnet, celui de « supprimer le tiers de confiance ». Avec la blockchain, plus d’intermédiaire. « Plus besoin des banques, poursuit Nicolas Barbaroux, pour vérifier votre solvabilité ou la bonne réception du paiement. »
Alors, blockchain ou système bancaire, une réelle alternative ? Pas sûr, conclut Vincent Bignon, conseiller à la Banque de France, car si les banques centrales ont été créées au XVIIe siècle, c’est justement pour mettre fin à un système décentralisé où personne ne se portait responsable en cas de crise financière.