Les Jéco 2018 s’interrogent sur le futur de l’économie

Pour envisager le futur, mieux vaut connaître le présent. C'est aussi valable en économie.

Ce mardi matin, 10 heures, à la Bourse du travail de Lyon. Une salle de 2000 places quasiment pleine et des oreilles déjà attentives. Mêmes celles des lycéens, venus en masse peupler les balcons de la salle aux fauteuils rouges.

Pour ce lancement de la 11e  édition des Jéco, cinq intervenants étaient réunis autour de Pascal Le Merrer, le fondateur de l’événement. Objectif de ces cinq témoins : raconter leur vision économique, politique et sociale. De leur pays, de leur Union, de leur monde. Autant d’enjeux soulevés par un micro-trottoir, présenté à la salle, puis par un sondage, analysé par Marc-Olivier Strauss-Kahn, directeur général et conseiller spécial auprès du gouverneur de la Banque de France. Des questions ont émergé. Des inquiétudes aussi.

Dans le micro-trottoir, cinq questions. Parmi lesquelles : « Que faudrait-il pour améliorer la situation économique en France? »  « Quels sont les risques à l’échelle mondiale? », « Comment favoriser la réussite des populations défavorisées ? » Les réponses des Français interrogés sont limpides. Réussir, améliorer, favoriser, réguler, lutter contre les inégalités…Chaque verbe interroge l’avenir à court, moyen et long terme. C’est d’ailleurs l’objectif de cette édition.

Ce sondage interroge aussi la vision qu’ont les Français de l’économie. Une majorité est « assez ou très » intéressée . Parmi les « très intéressés », la classe supérieure ou les retraités. Parmi les « pas du tout », les moins de 35 ans. « Ceux qui sont en haut, sur les gradins » souligne Jérôme Ballet, membre du directoire de la Caisse d’épargne Rhône-Alpes. « Ce chiffre a doublé depuis l’an dernier ». Preuve que l’enjeu est bien réel.

Méfiance

57% des français considèrent que la situation économique de la France se dégradera dans les années à venir, selon le sondage Kantar avec la Banque de France. Inégalités, éducation, travail, médias, classe politique…Premier constat, l’heure est à la méfiance chez les sondés. Une méfiance couplée d’un pessimisme qui n’entrave pas leur lucidité quand il s’agit d’éluder les grands défis français et mondiaux comme le réchauffement climatique, les inégalités, les populismes et l’individualisme…

Qui pour répondre à ces problématiques? Les gouvernements nationaux pour 57% des sondés. 36% rappellent l’action citoyenne, qui demeure un levier non négligeable. Quid des institutions inter-étatiques? A l’heure où les populismes progressent, 3/4 des français sont favorables à davantage d’intégration européenne.

« L’Europe face à une opportunité historique »

Grand témoin de cette édition 2018, Sheherazade Semsar-de Boisséson est directrice générale de Politico Europe. Selon elle, « l’Europe est face à une opportunité historique ». Celle d’exister dans un monde qui redevient unilatéral. Comment faire? Simplifier son fonctionnement, ses institutions. Simplifier, flexibiliser, libéraliser. Ces mots reviennent en boucle chez Fouziya Bouzerda, 2e vice-présidente de la métropole lyonnaise. Son leitmotiv : « Donner de la lisibilité aux politiques publiques ».

Pourtant, 45% des Français sont opposés à « une libéralisation de l’économie ». Parmi cette manne, une majorité de classes socioprofessionnelles supérieures. Un « paradoxe » pour Marc-Olivier Strauss-Khan. Régulièrement, Pascal Le Merrer intervient. Rappelant que c’est justement à tous ces enjeux qu’entendent répondre les Jéco. « Les inégalités entre firmes », « Compétitivité, handicap majeur pour l’économie française ? » ou encore « Mieux dépenser dans le social ». L’idée étant de donner les clés. Aux néophytes comme aux initiés.

 

Victor Hamard