Donald Trump est-il le président des très riches ?

"Faut-il s'inquiéter des Etats-Unis ?" se sont interrogés les invités d'une conférence animée par Jean-Paul Chapel (France 2)

Si la politique économique de Donald Trump semble porter ses fruits, sa politique sociale ne fait pas l'unanimité.

Ascenseur social bloqué, espérance de vie qui recule, inégalités de richesse toujours plus grandes : c’est le paradoxe des Etats-Unis, où les signaux économiques sont (presque) tous au vert. Une situation alarmante pour la première économie mondiale.

« 21% des Américains vivent en-dessous du seuil de pauvreté ». L’économiste Patrick Artus pointe du doigt la face brinquebalante du roc américain. « Si l’économie américaine se porte à merveille avec plus de 200.000 créations d’emplois mensuels depuis 2012 et un taux de chômage qui n’a jamais été aussi bas depuis 1969, il ne faut pas oublier que les Etats-Unis ne parviennent pas à produire du progrès social! », alarme Florence Pisani. « Pire, les baisses d’impôts pour les sociétés ont relancé l’investissement mais n’ont créé que très peu d’embauches en contrepartie ».

L’ascenseur social bloqué

Dans la salle de la Bourse du travail,  le thème de conférence « Faut-il s’inquiéter des Etats-Unis? » se transforme peu à peu en « Faut-il s’inquiéter POUR les Etats-Unis? ». Car le progrès social peine à s’imposer dans le pays dirigé par Donald Trump. « La part d’Américains en bas de l’échelle des revenus est la même que celle des années 90 alors que la croissance américaine a bondi sur la même période », explique l’économiste Patrick Artus. L’ascenseur social serait-il bloqué au pays de l’Oncle Sam?

Ces trente dernières années, les revenus de la moitié des Américains les plus pauvres n’ont pas augmenté du tout quand les revenus des 1 % les plus riches ont été multipliés par plus de trois. D’autres indicateurs de développement sont alarmants. « Le taux de mortalité infantile reste très élevé et l’espérance de vie a arrêté de progresser », souligne Florence Pisani.

Dans la salle, certains interlocuteurs tiennent à relativiser la situation. « La perception des inégalités est différente aux Etats-Unis, les Américains sont moins perturbés par ces chiffres que les Européens », explique le PDG de Saint-Gobain, Pierre-André de Chalendar. Le magnat de la construction poursuit: « En Europe on serait heureux d’avoir le même taux de chômage et de croissance qu’au pays de l’Oncle Sam ».

« La conquête » de la chambre de Représentants par le parti Démocrate lors des élections de mi-mandat peut-elle inciter les Etats-Unis à prendre un virage social? Pour Anne-Laure Delatte, directrice adjointe du Cepii: « Une victoire démocrate peut en effet donner un souffle nouveau à la politique américaine ».