
Du 23 au 26 mai prochain, les électeurs des 27 Etats membres de l’Union européenne seront appelés aux urnes pour les élections européennes. Un scrutin qui fait craindre de nouvelles vagues de désinformation, comme celles observées lors de plusieurs campagnes électorales récentes.
« Deux tiers des Européens disent avoir été confrontés régulièrement à des fake news et 85% d’entre eux estiment que c’est un problème », affirme Guillaume Roty, porte-parole de de la Commission européenne en France , citant une consultation publique réalisée par Bruxelles.
A un peu plus de six mois des élections européennes, la Commission craint une recrudescence du phénomène et organise la riposte. Elle a demandé aux principaux acteurs du web de se réunir pour plancher sur un système d’autorégulation. Les grands réseaux sociaux, des annonceurs, des chercheurs et des représentants de la société civile ont proposé un code de bonnes pratiques contre la désinformation en ligne, adopté le 26 septembre dernier par la Commission. « La question maintenant, c’est évidemment de savoir si les acteurs du secteur vont suivre ce code. L’autorégulation fonctionne à partir du moment où les concernés ont intérêt à ce qu’elle fonctionne. Si les engagements ne sont pas respectés, il y a toujours la possibilité de légiférer, ce que ces entreprises n’aiment pas trop » , reconnaît Guillaume Roty
Pour clarifier le sujet, le texte propose une définition de la désinformation : la diffusion de fausses nouvelles de manière intentionnelle avec un préjudice public. « Le but pour la Commission européenne est de limiter les campagnes politiques financées par des organisations politiques sur les réseaux sociaux », précise Guillaume Roty. Les réseaux sociaux se sont notamment engagés à indiquer les publications sponsorisées, l’identité du sponsor et le montant investi par ce dernier.
Briser le business model des producteurs de fake news
« Il faut s’attaquer au business des fake news, il y a une industrie qui produit de fausses informations à moindre coût pour produire du clic et la valoriser ensuite. La désinformation capture de la publicité qui ne bénéficie pas aux médias», affirme Françoise Benhamou, professeur de sciences économiques à l’université Paris 13. Une des solutions contre la désinformation serait donc de faire perdre de leur valeur aux fausses nouvelles. Google, par exemple, s’est engagé auprès de la Commission européenne à ne plus rémunérer les sites produisant des fake news.
Le code de bonnes pratiques prévoit plusieurs autres engagements, dont la lutte contre les faux comptes sur les réseaux sociaux. « Supprimer les faux comptes, c’est quelque chose qui est parfaitement envisageable. Les GAFA ont intérêt à rester vertueux dans ce domaine, car ils sont très critiqués», ajoute Françoise Benhamou
L’essentiel pour la Commission, à l’approche des élections, est d’éviter la propagation massive de fausses informations. « Notre but n’est pas de lutter contre l’exagération d’un homme politique ou l’utilisation d’un chiffre erroné, mais de bloquer la diffusion d’informations trompeuses à grande échelle » , conclut Guillaume Roty.