La guerre commerciale peut-elle durer?

Les tensions commerciales mondiales au coeur des Jéco 2018

Un président américain en croisade contre les importations. Depuis plusieurs mois, Donald Trump a décidé de mener une « guerre commerciale » contre l’ensemble des produits entrant aux Etats-Unis et a engagé son pays sur la voie du protectionnisme tous azimuts. Une guerre éphémère ou durable?

« Avec Donald Trump, on ne peut rien prévoir, mais juste essayer de trouver des grilles de lecture »: dès les premiers mots du directeur du Cepii, Sébastien Jean, les curieux présents dans la salle de la Bourse du Travail de Lyon tendent l’oreille. Comment réagir face à ce personnage imprévisible qu’est Donald Trump?

Personne ne semble avoir la réponse. Pourtant, le président américain est le nerf de la guerre commerciale. Sur la scène des Jéco, les économistes tentent de trouver des éléments de réponses, de relativiser la situation. « Le terme de guerre est-il bien choisi? On est certes dans un moment de grandes tensions économiques, mais de là à parler de guerre », soupire la conseillère du secrétaire général de l’OCDE, Elsa Pilichowski. Alors pour pour évoquer l’avenir des relations économiques sino-américaines on utilise des métaphores: « Disons qu’il s’agit plus d’un match de hockey que d’un 100 mètres couru », poursuit-elle. Personne n’ignore le fait que les conséquences de cette guerre d’importations se font déjà sentir. Avec une croissance mondiale qui plafonne à 3,7% du PIB et une baisse de la confiance des investisseurs au niveau international, des inquiétudes sont légitimes.

Une possible accalmie

Sur scène, les protagonistes lancent des pistes afin d’entrevoir l’avenir économique mondial. Certains parlent de donner plus de responsabilité à l’OMC quand d’autres proposent de fonder une Europe économique plus solide pour faire face au géant chinois et américain. Une chose est sûre: « Personne n’a intérêt à se lancer dans une guerre froide économique car elle coûterait très cher à tous les pays », explique le représentant de la Commission européenne en France, Edouard Bourcieu. 

Alors peut-on entrevoir des signes positifs pour l’économie mondiale? « Trump a appelé le président chinois Xi Jinping, il y a quelques jours et un nouvel accord commercial a été signé entre le Mexique, les Etats-Unis et le Canada », poursuit l’ancien chef de la stratégie commerciale européenne. Sur la scène politique américaine, la reprise, à l’issue des  midterms, de la Chambre des Représentants par le Parti démocrate pourrait freiner la mise en place des réformes commerciales de Donald Trump dans les mois à venir.

S’il est difficile d’appréhender le futur économique à court terme, les économistes s’accordent sur un point: un chemin long et difficile attend les partenaires commerciaux du président américain.

 

Julien HELION