L’intelligence artificielle ne remplace pas l’humain (pour l’instant)

Skynet n'est pas pour demain.

En progrès technologique rapide, l’intelligence artificielle suscite craintes et espoirs dans de nombreux domaines. Mais la machine pensante n’est encore qu’une idée lointaine.

L’intelligence artificielle: deux mots qui font fantasmer bon nombre de scientifiques, d’entrepreneurs et de technophiles avides de science-fiction. Fiction, car l’IA autonome est encore loin d’être une réalité. Lors de la conférence « L’économie de l’intelligence artificielle », la vision enthousiaste et idéalisée de cet outil informatique s’est heurtée à un constat terre-à-terre : « Actuellement, l’intelligence artificielle n’a rien d’intelligent », selon Manuel Gea, directeur général de Bio-Modeling Systems: « Il ne s’agit que d’algorithmes très spécialisés dans leurs tâches. »

Certes, les intelligences artificielles sont désormais capables de machine learning, ou apprentissage automatique. Il s’agit de fournir une large base de données à un algorithme sur ordinateur, qui va analyser les données pour en tirer des résultats. Par exemple, dans le secteur de la Bourse, des « robots traders » sont utilisés pour effectuer des transactions à haute fréquence, après avoir « appris » à force d’analyse de données quelles étaient les réactions les plus pertinentes et rentables à chaque instant. La banque Goldmann Sachs employait 600 traders en 2000 ; en 2017, ils n’étaient plus que deux, accompagnés de 200 ingénieurs informaticiens.

L’intelligence artificielle, rien de plus qu’un logiciel

Mais il est encore trop trop tôt pour parler d’une réelle intelligence. « Une IA ne dévie pas des normes et des données qu’on lui a fournies, elle ne pense pas. C’est une limite très forte, tempère Salima Benhamou, économiste au département Travail-Emploi-Compétences de France Stratégie. Il serait plus pertinent de parler d’apprentissage artificiel que d’intelligence artificielle. » En effet, les IA actuelles ne sont pas capables d’adaptation au-delà des limites qui leur ont été fixées. Manuel Gea ajoute que « les IA ne savent pas s’adapter au mensonge, au non-respect des règles, à la non-conformité. »

Vous utilisez peut-être déjà un assistant personnel : Siri (Apple), Cortana (Microsoft), Alexa (Amazon) ou l’Assistant Google. Ces logiciels, bien que de plus en plus réactifs et précis, n’agissent toujours que dans le cadre de leur programmation initiale. Même s’ils semblent apprendre et s’adapter, en retenant vos habitudes d’utilisation par exemple, il ne s’agit que d’une fonctionnalité supplémentaire mise en place par des développeurs bien réels, la machine ne prenant aucune initiative.

Le marché de l’intelligence artificielle brasse déjà des milliards de dollars et on s’attend à une poursuite de son envolée. (graphique : Statista. Données : Tractica)

Toutefois, malgré les exagérations et les fantasmes, l’intelligence artificielle est un secteur d’avenir. Le développement de son chiffre d’affaires va de pair avec le progrès rapide de sa technologie. Les prochaines années devraient voir l’IA s’implanter dans de nombreux secteurs économiques, sans remplacer le besoin d’humains polyvalents. Pour Manuel Gea, « le numérique de demain sera fait par des humains spécialisés à haut niveau, accompagnés par les algorithmes de l’IA. »