Via Terroirs : S’approvisionner sur son territoire

La start-up adapte les nouveaux usages numériques aux circuits courts. Photo ViaTerroirs

Un outil collaboratif qui organise et facilite les relations entre producteurs et professionnels de l’alimentation et de la restauration. Voilà comment se définit Via Terroirs, une start-up numérique lyonnaise, créée en 2015.

« Je prends souvent l’exemple de la volaille de Bresse : elle part de Bourg-en-Bresse à 5€50 le kilo, passe par le marché de Rungis, et lorsqu’elle revient à Lyon, elle est à 12€50 le kilo », explique d’emblée Baudouin Niogret, cofondateur de Via Terroirs. La start-up s’est fixée pour objectif de reconnecter, dans la région lyonnaise, producteurs et professionnels de l’alimentation via une plateforme numérique, avec en toile de fond les difficultés de certains restaurateurs à s’approvisionner localement. L’initiative, pour l’instant, a séduit 80 producteurs et une centaine de clients (restaurants, crèches, cantines…) déjà inscrits sur la plateforme.

Il existe beaucoup d’alternatives pour les particuliers qui veulent consommer local, par exemple les AMAP (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne, NDLR). Cependant, pour les professionnels, c’est plus compliqué. « Seuls 2 à 3% des restaurateurs de la région faisaient la démarche« , affirme Baudouin Niogret. « « Il y avait là un potentiel économique considérable », continue-t-il.

La start-up, qui compte sept employés pour le moment, se définit comme une sorte de Blablacar. « Le concept existait déjà avant, mais la plateforme numérique a amené un cadre et des outils« , explique le cofondateur. Sans outils numériques, certains producteurs peuvent être débordés avec cinq ou six restaurants à fournir. « Le site permet un rendez-vous de professionnel à professionnel beaucoup plus direct, sans intermédiaire », explique Baudouin Niogret.

Une compréhension réciproque

Sur Via Terroirs, les producteurs fixent leurs prix, leurs conditions et les produits qu’ils vendent. Ils sont visibles uniquement par les acheteurs de leur région. « Ce n’est pas comme sur Amazon par exemple où les produits sont exportés à l’autre bout du monde. Sur la plateforme, c’est le circuit court qui est favorisé », explique Baudouin Niogret. Le but : créer des marchés de terroir dématérialisés.

Via Terroirs permet la reconnexion entre producteurs et consommateurs.  « Par exemple si un agriculteur a eu une mauvaise semaine de récolte à cause de la météo, il peut directement prévenir l’acheteur et cela recrée du lien », explicite Baudouin Niogret. Les acheteurs s’inscrivent gratuitement sur la plateforme. Ce n’est pas le cas pour les producteurs, mais selon le co-fondateur, le site leur permet de « gagner du temps et d’augmenter leur chiffre d’affaires ». Aussi, Via Terroirs prend une commission sur les ventes. « On aurait pu proposer un abonnement territoire par exemple, mais on préférait se retrouver dans l’écosystème que l’on a nous-mêmes créé ».

La start-up ne sélectionne pas les producteurs qui entrent sur la plateforme numérique en fonction de critères comme l’agriculture raisonnée par exemple. Néanmoins, il est possible pour l’acheteur de « filtrer » les agriculteurs sur la plateforme numérique.« Et puis, dans cette logique de circuit court, les producteurs ne cherchent pas le rendement à tout prix. Ils pratiquent au minimum un agriculture raisonnée, voire clairement écologique », ajoute Baudouin Niogret.

Aujourd’hui, une des sept employés habite à Nantes, et essaye d’étendre ce concept à la Bretagne. Pour Baudouin Niogret c’est une « mission d’intérêt général ». « Le modèle de circuit court permet la valorisation de la production agricole », conclut-il.