Invité d’honneur des Jéco, Joseph E. Stiglitz prône un « green new deal »

La première conférence des JECO 2019 a mis à l'honneur l'économiste Joseph E. Stiglitz (à droite), prix Nobel d'économie en 2001. PHOTO : Etienne Dujardin

« Nous devons mettre en place un Green New Deal ». Les mots de l’économiste Joseph E. Stiglitz ont servi de fil rouge à la conférence d’ouverture des Journées de l’Economie 2019 à Lyon.

L’amphithéâtre de la Bourse du Travail était plein à craquer pour cette première conférence des Journées de l’économie (JECO) à Lyon mardi 5 novembre. Beaucoup de jeunes étaient présents pour assister à la table ronde intitulée « La transition c’est maintenant ».

Tous les regards étaient tournés vers Joseph E. Stiglitz. Lauréat du prix Nobel en 2001, l’économiste américain est l’invité phare de cette édition 2019 des JECO. Et son discours est ferme : il faut révolutionner notre économie, la changer de fond en comble. Pour cela il expose le concept de « green new deal » en référence aux politiques économiques de Franklin D. Roosevelt dans les années 30.

« Il faut changer le modèle économique créé à la fin de la seconde guerre mondiale », pour Joseph E. Stiglitz. Un avis partagé par les trois autres invités. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France appuie ses propos en mettant en avant le financement vert.

 Des financements verts

« Financer la transition écologique de notre société est possible et même indispensable », assène le gouverneur. Selon l’OCDE, le réchauffement climatique pourrait provoquer une chute du PIB mondiale de près de 10 points d’ici 2060. François Villeroy de Galhau met en avant la nécessité pour les institutions monétaires de montrer l’exemple aux banques. « Nous investissons 20 milliards d’euros par an et nous tenons à ce que tous ces investissements soient verts », précise-t-il.

Mais la finance verte ne peut pas remplacer l’action des politiques. « La transition doit être rapide et accompagnée par des politiques sociales et industrielles pour éviter une dislocation de notre économie », préconise Joseph E. Stiglitz. Katheline Schubert, membre du Haut conseil pour le climat et professeure d’économie à Paris 1, abonde dans ce sens. Elle rappelle les premières recommandations du Haut conseil au gouvernement français.

Changer tout le modèle économique

Même si Katheline Schubert émet des doutes sur la pertinence de l’expression « green new deal ». « Après la seconde guerre mondiale, le capital a dû être reconstruit. Ici il s’agit plutôt de jeter le capital dit sale et le remplacer par du capital propre », explique-t-elle.

Pour Alain Grandjean, le dernier intervenant de cette table ronde, le « green new deal » est indispensable. « Il faut changer les règles du jeu, comme celles du commerce international par exemple. Il faut se battre contre les grands accords de libre échange qui vont encore augmenter les émissions de gaz à effet de serre » précise-t-il. Dans le viseur du président de la fondation Nicolas Hulot : le CETA entre l’Union européenne et le Canada et l’accord entre l’Europe et le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay et Venezuela). Des accords contre-productifs selon lui : « Ces deux accords vont avoir des conséquences négatives sur le climat dans des pays comme le Brésil et fragiliser les agriculteurs européens. »

En fin de conférence, Myllane Kébir et Juliette Leboda, jeunes membres d’associations de défense du climat, ont tour à tour pris la parole. Tous les participants à cette table ronde ont mis en avant le rôle des jeunes générations dans la transition qui vient. « Tout le monde doit coopérer, être sur la même longueur d’ondes. Et nous devons utiliser tous les outils financiers, institutionnels, politiques à notre disposition pour mettre en œuvre cette transition », conclue Joseph E. Stiglitz, avant une longue ovation du public.

 

Martin Pinguet