
Parce qu’il soutient que les marchés ne peuvent s’auto-réguler et regorgent de défaillances, l’économiste Joseph Stiglitz propose de réfléchir à un nouveau paradigme : le capitalisme progressif.
L’Ecole Normale Supérieure de Lyon lui a remis les insignes de docteur Honoris Causa, la plus haute distinction de l’Enseignement Supérieur français. Ce mardi 5 novembre, Joseph Stiglitz a d’ailleurs fait honneur à la prestigieuse université en revêtant la toge rouge des doctorants et en acceptant sa médaille du mérite.
Derrière le pupitre, l’économiste néokeynésien a disserté sur le thème : « Au-delà du libéralisme : la nécessité d’un nouveau paradigme », son sujet de prédilection. Lunettes sur le nez et ordinateurs portables sur les genoux, les normaliens présents l’ont écouté avec intérêt.
Joseph Stiglitz a souhaité expliquer pourquoi il considère que le libéralisme est un échec. « Le marché n’est presque jamais efficace sans intervention de l’Etat. Tous ceux qui ont pensé le contraire, comme Ronald Reggan ou Margaret Thatcher dans les années 1980, étaient des irresponsables », a-t-il déclaré.
Un Green New Deal financé par une taxe sur la pollution
L’économiste, professeur à l’Université Columbia à New-York, a insisté sur le fait que la classe politique réalisait, sans cesse depuis quarante ans, de mauvais diagnostics. « Que ce soit après la crise de 1929 ou celle de 2008, les néolibéraux ont toujours attribué la faute à l’Etat et à ses trop grosses dépenses », regrette-t-il.
S’appuyant sur la thèse de son nouvel ouvrage Peuple, Pouvoir et Profits (Editions Les liens qui libèrent), Joseph Stiglitz a proposé son alternative au néolibéralisme. Elle s’appelle : « le capitalisme progressif ». Et d’après cette idéologie, le seul objectif d’une société, à court, moyen ou même long terme, c’est de tendre vers le progrès.
A lire aussi : Interview Exclusive de Joseph Stiglitz
Dans la société idéale de Joseph Stiglitz, le marché n’a qu’un rôle secondaire et il est étroitement encadré par l’Etat. C’est pourquoi rien n’empêche la mise ne place d’un large « Green New Deal », un plan d’investissement pour l’écologie financé par un impôt sur la fortune et une taxation de la pollution.
Chloé Barbaux