Les Français s’intéressent davantage au réchauffement climatique…et aux finances publiques

Giulia Sestieri, adjointe au chef du service de politique monétaire de la Banque de France, a présenté les résultats du sondage annuel lors de la séance d'ouverture des JÉCO.

Ce matin, à l’occasion de l’ouverture des Jéco 2019 de Lyon, la Banque de France a dévoilé les résultats de son enquête annuelle sur le rapport à l’économie des Français. Leur intérêt pour les sujets économiques est stable, mais leurs priorités ont changé.

L’économie intéresse-t-elle les Français? C’est la question que pose chaque année la Banque de France à une population de 1000 personnes. En 2019, 54% des Français se disent “assez” ou “beaucoup intéressés” par l’économie. Un chiffre quasi-stable sur un an (- 1 point).

Principal enseignement du sondage : l’évolution des sujets qui intéressent les Français. “Le premier sujet, c’est la situation de l’État et les finances publiques, devant l’emploi” explique Giulia Sestieri, adjointe au chef du service de politique monétaire de la Banque de France, qui a développé les résultats lors de l’ouverture des Journées de l’Économie 2019. Le pouvoir d’achat, principal sujet d’intérêt l’an dernier, perd quelques points. “En novembre 2018, il y avait un grand débat sur le pouvoir d’achat car nous étions à la veille du début du mouvement des Gilets Jaunes, donc les gens étaient particulièrement intéressés”.

La fin de l’ISF, réforme la plus connue et la moins acceptée

Les sondés ont également été interrogés sur les réformes mises en place, et celles à venir. “Seule la réforme de l’apprentissage et de la formation professionnelle est bien perçue. Mais c’est aussi la réforme la moins connue” assure Giulia Sestieri. 25% des sondés ne la connaissent pas. De l’autre côté du spectre, on retrouve la réforme de l’ISF, qui est à la fois la plus connue et la moins bien vue.

Pour les réformes à venir, les Français ont souligné l’importance de celle du système de santé. “Plus de femmes et de personnes âgées se sentent concernées” note l’intervenante. Les plus jeunes, eux, concentrent leur attention sur la réforme du système éducatif, qui atteint le même niveau d’intérêt que la réforme des retraites. Cette dernière concerne surtout “les CSP-, les moins qualifiés, ceux qui ont les revenus les plus faibles”.

Un clivage autour du progrès technologique

Les Français s’intéressent aussi aux innovations technologiques : l’intérêt gagne 4 points en un an. Mais ces innovations suscitent des inquiétudes. 57% des Français voient cela comme un moyen de “créer et détruire” des emplois. C’est-à-dire que certains secteurs bénéficieront des progrès technologiques tandis que d’autres en pâtiront. 30% ne voient la technologie que comme un moyen de “détruire” des emplois. “Les cadres et les jeunes sont plutôt optimistes, contrairement aux employés de l’industrie” détaille Giulia Sestieri.

Pour 75% des actifs interrogés, ce changement technologique et numérique ne menace pas leur emploi. “Là aussi, nous voyons que les jeunes et les CSP+ sont très optimistes”. 24% se pensent menacés. Parmi eux, la moitié s’estime toutefois “bien accompagnés”. “C’est donc une minorité qui se sent menacée” selon Giulia Sestieri. Pour Dominique Rougès, “Nous avons d’un côté une crainte augmentée par le manque d’accompagnement, de l’autre une crainte relativisée par le soutien qu’ils rencontrent dans leur entreprise. La formation professionnelle est un bouclier pour ceux qui se sentent menacés”.

Le réchauffement climatique, principal défi mondial

À l’échelle mondiale, le réchauffement climatique devient le principal défi économique, devant les inégalités, le chômage, la pauvreté et les inégalités entre hommes et femmes, une réponse ajoutée cette année. Une des questions concernait directement le réchauffement climatique. Elle portait sur les acteurs qui devaient faire le plus d’efforts pour contrer cette problématique. “L’État et les services publics arrivent en premier, devant les entreprises, les citoyens, et, en dernière position, le secteur financier” classe Giulia Sestieri. Une hiérarchie qui contrarie la Banque de France. “Nous sommes très engagés et faisons partie du NGFS, le réseau des superviseurs et des banques centrales pour le verdissement du secteur financier”. “Le rôle du secteur financier est probablement très sous-évalué par le grand public. Nous, on fait en sorte de pouvoir le rendre mieux connu” complète Dominique Rougès.

Enfin, la Banque de France rappelle son objectif de rendre l’économie plus simple et plus accessible au grand public, notamment aux plus jeunes. “Nous avons ouvert cette année Citéco, le musée de l’économie à Paris” pointe Giulia Sestieri. Le musée sert d’exposition pour les objets de l’économie, mais propose aussi des jeux interactifs à visée des publics jeunes. “C’est fait et pensé pour qu’ils puissent se familiariser avec différents sujets économiques dont on a entendu parler mais dont on ne sait pas comment cela fonctionne, comme la mondialisation” précise Dominique Rougès, adjoint au directeur de la publication de la Banque de France.

Il y a aussi un jeu de société créé pour les jeunes entrepreneurs, nous allons dans les lycées pour parler des notions économiques. Il y a également le blog de la Banque de France, intitulé “Bloc-Notes Éco” énumère Giulia Sestieri. Dans le cadre de ce blog, un concours a été organisé pour la première fois cette année. Le lauréat se verra remettre son prix lors des JÉCO 2019.

 

Etienne Dujardin