
Ce mercredi après-midi, les Jéco ont planché sur les difficultés de mobilité en milieu urbain, à l’occasion de la conférence « Mobilité et numérique : le retour des villes forteresses ». Depuis le 1er septembre 2018, la ville de Dunkerque a décidé la gratuité totale de son offre de transports en commun. Premier bilan plus que positif selon la municipalité. D’autres communes ont aussi opté pour la gratuité, Paris la teste très partiellement.
Une fréquentation en hausse de 65% en semaine, de 125% le week-end: la gratuité des transports de la communauté urbaine de Dunkerque est une réussite. Le maire de la ville, Patrice Vergriete (SE), a même été surpris par cet engouement de la population dunkerquoise. “La population a adopté ce bus gratuit comme une alternative à la voiture, mais aussi comme une opportunité de déplacement” a-t-il déclaré à Europe 1.
Au départ, il a fallu un investissement de 65 millions d’euros cofinancé par l’État, l’Europe, la région Hauts-de-France et le département du Nord. Des travaux ont ensuite été entrepris pour élargir l’offre de transports à l’ensemble des 17 communes et des 200 000 habitants de la communauté urbaine. À l’arrivée, le réseau propose 17 lignes de bus, dont cinq sont desservies toutes les dix minutes grâce au renfort de 45 nouveaux véhicules, des plages horaires élargies (de 5h30 à 22h30). Les bus sont aussi équipés de prises électriques et d’une connexion wifi.
D’autres villes testent les transports gratuits
L’annulation d’un projet de grande enceinte de sports et de spectacles à 180 millions d’euros, ainsi que les faibles recettes commerciales issues de la « billettique » ont poussé les élus dunkerquois à lancer le projet de gratuité. En effet, la « billettique » ne représentait que 10% des recettes globales de fonctionnement du réseau de transport, soit 4,5 millions d’euros sur 44 millions d’euros de budget total. Le reste provient du versement transport, augmenté de 0,5% quelques années auparavant..
Ces dernières années, d’autres villes ont franchi le pas de la gratuité. C’est le cas de Châteauroux depuis 2001, d’Aubagne depuis 2009 ou de Niort, depuis 2017. La ville deux-sévrienne propose depuis septembre 2017 les bus gratuits. Un an après cette mise en place, la fréquentation avait augmenté de 23% dans les transports en commun de l’agglomération, soit 20 000 trajets par jour. Autre nouveauté inédite, une relation agent-passagers plus apaisée, aussi remarquée à Dunkerque.
Certaines communes sont passées, quant à elles, à une gratuité partielle. À Quimper, par exemple, le bus est gratuit le samedi matin jusqu’à 13 heures. À Arras, dans le Pas-de-Calais, une navette électrique effectue un trajet en boucle dans le centre-ville.
Pas dans les plans de la mairie de Paris
Quid de Paris? En juin, le Conseil de Paris a voté pour la gratuité des transports à destination des écoliers parisiens de moins de 12 ans, et des personnes handicapées de moins de 20 ans, effective depuis la rentrée 2019. Une généralisation de la gratuité est-elle envisageable? Le sujet revient souvent sur la table, mais plusieurs freins sont présents. D’abord, l’importante part de la billetterie dans la financement total du réseau francilien (28%). Il faut également prendre en compte la saturation du réseau de transports et de ses 4,6 milliards de voyageurs annuels. Un passage à la gratuité augmenterait un trafic déjà bouché par les nombreux voyageurs d’île-de-France. La gratuité des transports n’est donc pas à l’ordre du jour.
Etienne Dujardin