Dani Rodrik défend un Green New Deal

Dani Rodrik, économiste et universitaire. Crédit: Jéco.

L’économiste turc, à contre-courant du dogme associant libre-échange et croissance, était l’invité des Jéco mercredi. Lors de ses échanges avec le public et avec les internautes, il est notamment revenu sur les nouveaux modèles économiques à instaurer face au défi climatique.

Mais avant de venir débattre avec le public, la séance a commencé par la réception de Dani Rodrik, en toge rouge, au titre de docteur honoris causa de l’Université Lyon-Lumière-II. Place ensuite aux questions de l’assistance : guerre commerciale sino-américaine, croissance mondiale, inégalités… de très nombreux sujets ont été abordés.

Mais l’une de ses plus longues interventions  a concerné la transition écologique, au nom de laquelle il a défendu _ comme le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, lors de la séance d’ouverture des Jéco _ le « Green New Deal » poussé par les écologistes américains (voir vidéo ci-dessous). « Quand on s’attaque à la question du changement climatique, on a tendance à donner une solution unique, rapide et toute trouvée : taxer le carbone. Mais il faut ouvrir nos perspectives et proposer des politiques qui vont plus loin que cela ! » a-t-il plaidé devant l’assistance.

Dani Rodrik est connu pour ses positions allant à l’encontre des modèles libéraux traditionnels faisant du libre-échange un facteur essentiel de la croissance. Crédit: T.N.

Le Green New Deal, dont l’idée née en Europe à la fin des années 2000 est actuellement largement reprise par l’aile écologiste des Démocrates américains, est en fait un vaste projet d’investissement public dans la transition énergétique tout en ayant des retombées économiques fortes sur les territoires, notamment en termes d’emplois. Le nom de ce projet est directement inspiré du New Deal  lancé en 1933 par le président américain Franklin D.Roosevelt afin de sortir les Etats-Unis de la Grande Dépression. Un exemple « d’économie populiste », selon Dani Rodrik, qui souligne le succès de ce plan, régulièrement, lors de ses interventions et dans ses publications. Mais tout en prenant soin de bien expliquer le sens, à ses yeux, du mot « populisme » à la connotation aujourd’hui très péjorative. Dans une tribune au journal Le Monde, le 1er novembre, il plaidait précisément en faveur d’un certain« populisme économique », qui desserrerait les « harnais qui [brident] la politique économique ».

A l’encontre des théories post Seconde Guerre mondiale qui érigent le libre-échange en condition essentielle de la croissance économique , Dani Rodrik défend donc une certaine forme de « populisme » pour laisser plus de champ aux Etats, et notamment pour relever le plus grand défi du 21e siècle selon lui : le changement climatique.

 

 

Tiphaine Niederlaender