Le logement en France, un marché toujours plus tendu

En 2019, moins de 400 000 logements devraient voir le jour en France. Crédits : Alexandre Prevot

Dans les grandes villes, les prix explosent et le nombre de logements disponibles chute. Le 6 novembre à Lyon une table ronde s’est attardée sur les dysfonctionnements du marché du logement en France.

« Il y a une déconnexion entre le pouvoir d’achat des Français et le prix des logements », lance en préambule Isabelle Rey-Lefebvre, journaliste au Monde et modératrice de la table ronde. Depuis 2000, les prix des logements en France n’ont fait qu’augmenter. Une hausse due à plusieurs facteurs.

Pour Jean-Benoît Eyméoud, économiste à la Banque de France, cette hausse du prix du logement est due à la concentration de l’emploi dans les grandes métropoles. « Depuis 2007 les trois quarts des emplois créés en France étaient dans quinze métropoles », explique-t-il. Selon lui, cette concentration des entreprises entraîne une raréfaction des logements. Car la demande augmente et les marchés immobiliers des grandes villes ne peuvent pas y répondre.

« Les marchés ne sont pas assez élastiques, trop limités notamment par les réglementations. En période électorale, comme maintenant, les maires délivrent moins de permis de construire ce qui augmente le prix de l’immobilier ancien », analyse-t-il. Pourtant les pouvoirs publics tentent aussi de réguler le marché.

Le rôle des pouvoirs publics

C’est ce qu’explique Gabrielle Fack, professeure d’économie à l’Université Paris Dauphine. Elle présente les différentes aides pour les demandeurs et les pourvoyeurs de logements. Des aides qui s’élèvent à 40 milliards d’euros par an en France. « 50% de ces aides sont les aides personnalisées au logement (APL) et 45% sont des abattages fiscaux, des subventions d’investissements pour ceux qui construisent des logements » détaille-t-elle.

Mais ces aides ne suffisent pas à réguler le marché. Pour Michel Le Faou, vice-président de la métropole de Lyon, il est nécessaire d’aménager le territoire : « Saint-Etienne n’est qu’à quarante minutes de train. Si l’on avait un service de transports efficaces cela permettrait à des personnes travaillant dans la métropole lyonnaise d’habiter à Saint-Etienne et détendre le marché du logement lyonnais » explique-t-il. Jean-Benoît Eyméoud abonde dans ce sens également. « Il faut développer les transports entre périphérie et centre mais aussi entre les périphéries. Cela les rendra plus attractives pour les entreprises qui pourront s’y implanter et soulager les centres-villes », ajoute-t-il.

Plus de crédit égal hausse des prix

Le dernier invité de la table ronde, Pierre Yves-Cusset de Stratégie France, glisse un dernier facteur de l’augmentation des prix du logement : la baisse des taux de crédit. Pour lui, « les taux d’emprunts bas et les durées de remboursement étendues ont permis aux ménages d’acheter des logements plus chers. Et cela a favorisé la hausse des prix. »

Il conclut la conférence en proposant de rendre les entreprises responsables. « Une solution pourrait être d’obliger les entreprises à participer au logement de leurs salariés sur leurs fonds propres en fonction d’où elles s’installent. Ainsi elles seraient moins tentées de s’implanter dans les grands centres-villes où les logements sont chers », propose-t-il. En attendant, le prix du mètre carré a dépassé les 10 000 euros à Paris. Et la réforme des APL prévues par l’Etat est la cible de nombreuses critiques.

Martin Pinguet