
Une étude menée par l’économiste Paul Seabright et son équipe analyse le lien entre les violences conjugales au Brésil et en Equateur et des facteurs économiques. Décryptage en trois questions.
- Pourquoi avez-vous décidé de traiter ce sujet ?
Paul Seabright. : Je m’intéresse à la thématique de la violence depuis de nombreuses années. Au départ, je me suis demandé comment on pouvait expliquer la baisse significative de la violence depuis le XIIIe siècle. Aujourd’hui, j’étudie aussi des cas de terrain, comme ceux-ci. En l’occurrence, c’est au vu de la qualité et de la quantité de données disponibles que j’ai décidé de mener cette recherche.
- Quel lien avez-vous découvert entre violences conjugales et économie ?
Les femmes en concubinage éduquées qui voient leurs revenus augmenter subissent significativement moins de violences, au contraire des femmes mariées et des femmes moins éduquées. Cela s’explique par le fait qu’elles ont des alternatives. L’éducation est donc un facteur qui limite les violences conjugales. Cela vaut aussi bien pour le Brésil que pour l’Equateur.
- Quelles solutions peut-on envisager pour réduire ces violences ?
L’essentiel réside dans la possibilité d’une alternative. Par exemple, la création de refuges pour les femmes victimes de violences est quelque chose qui fonctionne, même si ce n’est pas une situation idéale puisqu’elles ne sont pas chez elles. L’existence d’une alternative (le fait qu’elles puissent partir) peut aussi inciter les hommes à être moins violents. Globalement, il faut un soutien physique, juridique et normatif. Intégrer entre autres que non, la femme, qui quitte son conjoint pour sortir d’une situation insupportable, ne remet pas en question l’honneur de la famille.
Propos recueillis par Elodie Vilfrite
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