
Dans son sondage annuel « Les Français et l’Economie » publié à l’occasion des Jéco, la Banque de France constate un léger recul de l’intérêt pour l’économie. Autre enseignement : l’intérêt croissant pour le financement de la transition écologique…et des retraites. Tour d’horizon des préoccupations économiques des Français en cette fin 2021.
- Les Français ne s’intéressent toujours pas beaucoup à l’économie
Le sondage de la Banque de France rapporte que 48% des Français déclarent s’intéresser à l’économie, c’est-à-dire un niveau similaire à 2020. Or, en 2019, ils étaient 54% à se dire intéressés par l’économie. Cette baisse survenue en 2020 laisse supposer un effet de la pandémie sur l’intérêt qu’ils portent à l’économie. Toutefois, ce faible chiffre dépend peut-être également du niveau en économie. En effet, une majorité (55%) déclare avoir un niveau de connaissance moyen en économie, tandis que seuls 15% estiment avoir un niveau élevé. Ainsi, peut-on supposer que les sondés non-intéressés par l’économie sont aussi ceux qui ont le moins de connaissances en la matière.

Seuls 48% des Français déclarent s’intéresser à l’économie.
Pourtant, nos compatriotes demandent à en savoir plus sur la réforme des retraites, par exemple : c’est le cas de 37% d’entre eux. De même, lorsqu’il s’agit de mesurer le taux d’inflation, rares sont ceux qui se trompent. Le terme « économie », somme toute assez vague, pourrait donc ne pas évoquer grand-chose aux Français ; mais ce désintérêt affiché disparaît lorsqu’il s’agit de sujets qui les concernent.
- La politique au cœur des préoccupations économiques
Le sondage mesure également les sujets économiques sur lesquels les Français voudraient être davantage informés. Cette année, une nouvelle proposition de réponse a vu le jour : « le vieillissement de la population et le financement des retraites ». N’ayant pas été ajoutée par hasard, c’est elle qui a recueilli le plus gros score. Puisque la réforme des retraites est réapparue récemment dans le débat politique, ce désir de compréhension sur le sujet est certainement imputable à l’actualité. Il en est de même pour la seconde réponse la plus plébiscitée, à savoir la situation de l’Etat et des finances publiques (31%) : suite au plan de relance développé par le gouvernement depuis septembre 2020, ainsi que le soutien massif à l’économie lors des confinements et couvre-feux, une inquiétude concernant les finances du pays est tout à fait compréhensible.
Toutefois, on peut également considérer que ces préoccupations sont en réalité un retour à « l’avant-crise ». Parmi les défis économiques et sociaux à gérer de manière urgente, les interrogés ne sont plus que 12% à citer la crise sanitaire et ses effets, soit 28% de moins qu’en 2020. De plus, si l’on compare les sujets sur lesquels ils voudraient être mieux informés en 2021 avec ceux de 2019, la ressemblance est frappante. Le financement des retraites, certes non abordé par le sondage il y a deux ans, est aussi une préoccupation de 2021 ; la réforme des retraites est beaucoup moins d’actualité aujourd’hui qu’avant la crise.

En 2021, les sujets sur lesquels les sondés semblent être le mieux informés ressemblent très fortement à ceux de 2019, à l’exception de l’emploi où les votes semblent s’être massivement reportés sur le financement des retraites.
- Les Français encore plus sensibles aux défis majeurs qui les attendent
L’édition 2021 du sondage met en relief les préoccupations écologiques de nos concitoyens. Par exemple, 59% d’entre eux estiment qu’il faudrait s’occuper de manière urgente du changement climatique ; c’est 29% de plus que l’année précédente. Plus important encore, il s’agit selon les sondés, du risque majeur auquel la France est la moins bien préparée.
Le sondage met également en doute le concept de croissance : un tiers des interrogés sont d’accord avec l’affirmation : « Le concept de croissance est dépassé. Il faudrait se fixer des critères et des objectifs de bien-être », et presque autant estiment qu’il faut réorienter la croissance vers des activités bas-carbone.
Autre défi mis en avant par le sondage : l’éducation. Parmi les priorités du renforcement de l’action de l’Etat, les Français citent d’abord une augmentation du budget de l’Education nationale, plutôt que la lutte contre le réchauffement climatique et la lutte contre les inégalités.

Alors que la crise climatique est beaucoup évoquée tout au long du sondage, c’est étonnamment l’Education nationale qui arrive en tête des secteurs où l’action de l’Etat est estimée nécessaire.
Pour résoudre ces problématiques, les sondés font confiance en priorité à l’Etat (à 47%) et aux collectivités locales (à 32%). Cependant, une autre question du sondage met en lumière les réponses économiques que les Français proposent d’apporter au dérèglement climatique. Ainsi 54% proposent une réglementation sur les émissions de carbone, tandis que très peu (17%) estiment qu’il faut augmenter les taxes. C’est donc davantage sur la législation que sur la taxation que les Français attendent une réaction de l’Etat.
Marine SALAVILLE
Le sondage a été réalisé par téléphone, début octobre 2021, auprès de 1 005 Français de 18 ans et plus.