La Chine, éternelle seconde puissance économique ?

La Chine est-elle en mesure de passer devant les Etats-Unis ?

Selon plusieurs projections, la Chine pourrait devenir la première puissance économique mondiale d’ici 2028 à 2030. Une prévision que les experts présents aux Jéco ont tenu à nuancer. Les Chinois ont encore des manques à combler.

Les courbes pourraient se croiser entre 2028 et 2030. A cette date, la Chine deviendrait donc la première puissance mondiale devant les États-Unis, selon les estimations de la Banque mondiale et du Centre for Economics and Business Research (CEBR). Si et seulement si elle maintient un taux de croissance de plus de 5,5%. Au 1er trimestre 2021, la Chine a d’ailleurs enregistré une croissance record de 18,3% par rapport à un 1er trimestre 2020 exceptionnellement faible, pour cause de début de crise du Covid-19. Pour autant, les intervenants réunis ce mercredi aux Jéco se sont montrés prudents.

« La Chine va-t-elle passer devant les États-Unis ? C’est la question sans réponse », lance Jean-François Dufour, directeur du cabinet DCA Chine Analyse. Son principal inconvénient : son isolement à l’international. « Il lui manque d’être un modèle d’activité », précise Céline Antonin, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

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Son modèle économique empêche la Chine de s’affirmer : « Il faudrait une libéralisation de l’économie, ce qui n’est pas compatible avec le système chinois », analyse Camille Macaire, chercheuse et économiste de la Banque de France.

La réaction des États-Unis

Et outre ces difficultés intrinsèques, les États-Unis souhaitent, eux, conserver leur leadership. Depuis 2018, les Américains imposent des sanctions commerciales qui « illustrent la prise de conscience de la grandeur de la Chine », insiste Céline Antonin. La marque de téléphonie mobile Huawei en a fait les frais. En 2020, elle a brièvement occupé la première place mondiale du marché du smartphone avec environ 20% de parts de marché. En 2021, d’après le rapport Canalys, Huawei ne fait plus partie des cinq premières firmes, avec moins de 10%.

Malgré les efforts de la Chine en recherche et développement, en création de grandes entreprises et en dépôt de brevets, les États-Unis, pour l’instant, restent hégémoniques. Et même si la puissance asiatique tente de faire grandir le yuan, la suprématie du dollar n’est pas _ elle non plus _ encore remise en cause. 

L’Europe se pose en observateur dans cette confrontation entre deux des plus grandes puissances mondiales. Un rôle qui peut être critiqué. Mary-Françoise Renard, professeure en économie à l’Université d’Auvergne l’affirme : « L’Europe ne doit pas définir sa stratégie en fonction de la rivalité sino-américaine. »

Colin ANCEL