Malgré la crise sanitaire, les centres-villes restent hors de prix

La ville de Lyon a connu une augmentation des prix immobiliers. Crédit : Pexels

La conférence « La ville hors de prix ? », à l’Université catholique de Lyon jeudi 4 novembre, s’est penchée sur la façon dont les centres-villes ont résisté à la crise sanitaire, malgré les envies d’ailleurs des Français pendant les confinements. Ils restent aujourd’hui plus chers que jamais.

Aujourd’hui, près de 80% de la population vit dans une aire urbaine en France. Et même après un an et demi de crise sanitaire et de restrictions, les villes ont toujours la cote. « Malgré le développement du télétravail pendant la pandémie, qui laissait penser à une baisse de l’attractivité des grandes villes, il n’y a pas eu d’effet sensible sur les prix et l’occupation des centres-villes », a assuré Guillaume Chapelle, professeur assistant en économie à CY Cergy Paris Université, en ouverture.

« La pandémie n’a pas fait s’effondrer les prix immobiliers dans les grandes villes, contrairement à ce qu’on pouvait penser », a abondé Gabrielle Fack, professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine. Dans le centre de Paris, par exemple, le prix du mettre carré n’a pas évolué entre 2020 et 2021, restant à plus de 10 000 euros. La dynamique est similaire à Lyon, où le loyer au m2 a dépassé pour la première fois les 18 euros en 2021 (il valait entre 16 et 17 euros en 2020).

Des réalités différentes avec les kilomètres

« S’il y avait eu des mouvements de départ, on aurait pu imaginer que les prix auraient baissé dans le centre, et auraient monté en périphérie et dans les agglomérations », poursuit Gabrille Fack. Or la relation est restée la même : à Paris et à Lyon, les prix en centre-ville restent les plus élevés, et baissent à mesure que l’on s’éloigne du centre. Dans l’agglomération lyonnaise par exemple, il faut s’éloigner d’environ 25 kilomètres pour le prix du m2 ou du loyer au m2 soient divisés par deux.

L’évolution des prix du m2 et du loyer au m2 à Lyon, en fonction de la distance du centre-ville.

Un défi pour la mixité sociale

Cet état des lieux appelle à des réponses de politique publique, pour tenter de contenir la hausse exponentielle des prix dans les centralités. Politiques de logement, de transports, de rénovation, elles peuvent prendre de multiples formes. Leur objectif est aussi de garantir au mieux la mixité sociale des centres-villes, l’augmentation des prix ayant poussé les populations les plus modestes à s’éloigner.

Le sujet est particulièrement pris à cœur à Lyon, souligne Béatrice Vessiller, deuxième vice-présidente de la Métropole de Lyon, en charge de l’urbanisme et du cadre de vie : « le sujet est important, quand c’est un objectif politique de rendre la métropole accessible à toutes et tous. » Dans la métropole, 46 communes sur 59 introduisent ainsi un secteur de mixité sociale dans leur politique publique.

Maÿlice LAVOREL