La France à l’horizon 2030 : une décennie décisive pour le climat

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D’ici 2030, l’Union européenne vise à réduire de 55 % ses émissions nettes de gaz à effet de serre. Alors que faire pour répondre au défi climatique, et comment la France doit-elle agir dans les prochaines années ? La deuxième conférence des Journées de l’économie 2022 s’est penchée sur la question ce mardi.

« Cela ne va pas être une décennie banale, mais une décennie très intense », promet Gilles de Margerie, commissaire général de France Stratégie. Sur la scène de la Bourse du Travail de Lyon, il est accompagné de l’économiste Jean Tirole, des professeures Hélène Rey et Isabelle Méjean, de la directrice d’Oxfam France Cécile Duflot et de l’entrepreneure Eva Sadoun. Tou⸱te⸱s s’y accordent : c’est l’heure d’agir pour lutter contre le changement climatique. « Décarboner, cela commence par la sobriété », lance Gilles de Margerie, conscient du « retard » à rattraper pour atteindre les objectifs fixés.

« Cela donne un peu de chagrin de se dire qu’on a perdu beaucoup de temps », confirme Cécile Duflot. Alors pour l’ancienne ministre, « il faut penser les dix années qui viennent comme un moment de mobilisation politique comme on ne l’a jamais vu auparavant (…) Est-ce qu’on a les moyens de le faire ? Si on ne le fait pas, c’est très simple, cela coûtera beaucoup plus cher ».

« C’est une bombe à retardement », souligne également Jean Tirole, prix Nobel d’économie en 2014. « Il faut avoir le courage pour dire que l’on va dépenser de l’argent pour sauver notre planète », continue-t-il. Selon lui, l’une des clés pour décarboner l’économie se trouve dans le prix du CO2. Fixer un prix, cela veut dire payer pour avoir le droit d’émettre, à l’image du marché des émissions de carbone déjà mis en place dans l’Union européenne. « Le prix du carbone, ça marche. Quand il augmente, on voit des comportements changer », appuie Hélène Rey, professeure à la London Business School.

« La sobriété, c’est la transformation de notre modèle économique »

Sur ce point, le consensus semble largement de mise. Mais c’est avant tout la sobriété énergétique qui revient constamment au centre des propositions, et est prônée comme l’une des voies à suivre d’ici 2030. « Concrètement, la sobriété, c’est la transformation de notre modèle économique », clarifie Eva Sadoun, présidente de lita.co, une plate-forme d’investissement durable. Stop à la surconsommation et au gaspillage, place à un mode de consommation plus responsable en France. « Il y a des secteurs de notre économie qui doivent profondément décroître, et même certains s’éteindre », affirme-t-elle, interrompue par des applaudissements.

« Notre modèle est un modèle où on a développé le gaspillage », renchérit Cécile Duflot. La « volonté individuelle » ne suffit pas, selon elle qui rappelle la nécessité d’instaurer des « règles ». Après tout, « ce n’est pas la planète qu’il faut sauver », mais bien l’avenir de notre mode de vie qui est en jeu dans les prochaines années. Selon le Giec, le groupe de scientifiques de l’ONU, il ne reste plus que trois ans pour agir pour conserver une planète « vivable ».