Difficultés de recrutement : l’attractivité des métiers en question

Malgré un taux de chômage qui atteint 7,3%, près de 60% des entreprises rencontrent des difficultés de recrutement.

« Pourquoi les entreprises peinent à recruter ? ». Un sujet très actuel – et très préoccupant pour l’économie française – abordé ce mardi aux Journées de l’économie. L’industrie, notamment, a du mal à faire venir de nouveaux talents, à cause d’un déficit d’image pas vraiment justifié.

Salaires trop faibles, conditions de travail difficiles, exigences de qualifications ou encore éloignement géographique : difficile de rendre certains métiers attractifs. Selon une étude de BPI France, 59% des entreprises interrogées peinent à recruter. Étonnant alors que le taux de chômage en France s’élève encore à 7,3%.

Parmi les secteurs en tension : l’industrie. Outre la pénurie des compétences, les emplois industriels pâtissent notamment de leurs mauvaises représentations, selon Sonia Bellit, cheffe de projet au sein du think tank La Fabrique de l’industrie. « L’industrie est confrontée à un problème d’image. On l’associe à des mauvaise conditions de travail », avance la docteure en sciences économiques. Reprenant les chiffres de Pôle emploi, elle expose que la moitié des recrutements sont anticipés « comme difficiles » dans l’industrie. Ce chiffre monte même à 70% dans les métiers de la métallurgie.

Les attentes des salarié⸱e⸱s plus grandes

Du fait de cette faible attractivité, « la compréhension des métiers avant d’y entrer est fondamentale » martèle Clément Michel, directeur des ressources humaines et de la Transformation Groupe de Kéolis. « Dans les transports publics, on a moins de chance de travailler le week-end que dans la restauration » argumente par exemple ce dernier.  Le secteur des transports de voyageurs en France recherche actuellement 5000 conducteurrices.

Si les problèmes d’attractivité ont toujours existé, la pénurie de main d’œuvre actuelle s’explique parce que « les attentes en termes de conciliation de vies professionnelle et personnelle ne sont pas celles d’il y a 40 ans », expose notamment Gilbert Cette, professeur d’économie à NEOMA Business School. « La crise de la Covid-19 a été un révélateur de ces attentes et a accéléré ce phénomène sans en être un déclencheur » poursuit-il. Un constat confirmé par Dimitris Mavridis, économiste à l’OCDE : « Les problèmes de recrutement n’ont pas commencé avec le Covid-19. »

Léa Beaudufe-Hamelin