
En pleine affaire Orpea, les Jéco, ce mardi, ont abordé la place du secteur privé dans l’offre médicale, que ce soit en établissement de soins et en EHPAD. Entre course au profit d’un côté et dégradation du service public de l’autre, les patient⸱e⸱s hésitent et les expert⸱e⸱s de la conférence en ligne n’ont pas vraiment tranché.
Public ou privé, quelle meilleure offre de soins ? Quatre experts invités aux Journées de l’économie ont tenté de répondre à cette question qui concerne tant de familles. Autour de la table – virtuelle – Aline Choquet, évaluatrice expert de la qualité en établissements médico-sociaux pour le cabinet TLC, Christophe Pascal, maître de conférences en Sciences de gestion à l’Université Lyon 3, mais aussi Mathias Dewatripont, micro-économiste de l’Université Libre de Bruxelles et Pierre-Yves Geoffard, professeur à l’Ecole d’Economie de Paris et chercheur au CNRS. Au final, un constat très partagé : difficile de faire un choix entre les établissements publics et privés dans un contexte où peu de données permettent une comparaison objective.
« On a assez peu d’éléments pour comparer la qualité des soins. Il y a un besoin de meilleurs indicateurs de qualité de soins, plus lisibles, plus transparents, plus compréhensibles par les usagers et leurs entourages », avance Pierre-Yves Geoffard, chercheur au CNRS.
En juin 2022, la Haute Autorité de Santé lançait son site QualiScope _ qui remplace Scope Santé _ pour permettre à chacun d’obtenir des informations sur le niveau de qualité et de sécurité de tous les établissements de soins. Un outil « assez peu connu » et « peu utilisé », selon Pierre-Yves Geoffard.
Les chercheurs observent un glissement dans la communication des données de santé, devenant de plus en plus verrouillées et non accessibles pour les usagers mais aussi pour les expert⸱e⸱s. Christophe Pascal, enseignant à l’Université Lyon 3 témoigne de quatre années d’attente après de multiples demandes auprès des autorités compétentes. « Pour accéder aux données, il faut maintenant être extrêmement motivé. »
Que faire alors lorsqu’arrive le moment de sélectionner son dernier lieu de vie ? « Le mieux reste à visiter les lieux », résume Aline Choquet, évaluatrice expert de la qualité en établissements médico-sociaux.
« Choisir un Ehpad, ce n’est pas la même chose que choisir un chirurgien, c’est un lieu de vie », appuie Christophe Pascal « Pour choisir un établissement de santé, la seule certitude qu’on ait en chirurgie c’est que si vous prenez un praticien qui fait un nombre élevé d’un même acte, meilleure est la probabilité que l’acte soit bien réalisé. Personnellement c’est ce que je m’applique »
Réforme des évaluations d’établissements de santé
Impossible d’évoquer les Ephad sans évoquer le scandale Orpea. Depuis lundi, plusieurs établissements du groupe font l’objet de perquisitions dans le cadre d’une enquête pour « maltraitance institutionnelle ». Les conditions délabrées de vie et de traitements des personnes âgées dans des établissements Orpea avaient été révélées dans le livre Les Fossoyeurs, du journaliste Victor Castanet, publié en janvier 2022. Le groupe a annoncé en début de semaine le lancement d’un plan de transformation.
Pour permettre un meilleur suivi des conditions d’accueil et de soins dans les Ephad, la Haute Autorité de Santé a construit un nouveau dispositif d’évaluation. « C’est une réforme importante qui harmonise les méthodes, avec un référentiel unique, des exigences accrues et une consultation beaucoup plus importante de l’usager », explique Aline Choquet, experte Santé Social pour le cabinet TLC. Cette réforme entrera en vigueur au 1er janvier 2023 et entraînera peut-être un meilleur suivi des conditions de vie et de soins.
Juliette Soulignac
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