
Invitée de la conférence “Quel statut pour les travailleurs des plateformes ?”, la directrice générale d’Uber France, Laureline Serieys, est revenue sur les étapes de l’instauration d’un dialogue social entre l’application et les travailleur⸱se⸱s.
Préserver l’indépendance des travailleur⸱se⸱s tout en leur garantissant plus de droits. Tel est l’enjeu du dialogue social qui s’établit entre Uber et ses chauffeur⸱se⸱s. “C’est la première fois qu’une vraie discussion est instaurée entre plateformes, travailleurs indépendants et à un niveau sectoriel”, se félicite Laureline Serieys, directrice générale d’Uber France depuis 2020. La publication d’un arrêté, en septembre 2022, reconnaissant l’appartenance des plateformes au secteur de conduite d’une VTC, devrait permettre d’aboutir à de premiers accords d’ici début 2023. “Une fois homologués par l’ARPE (Autorité des relations sociales des plateformes d’emploi), ces compromis devront être adoptés par toutes les applications.”
Avant d’aboutir à ce résultat, Uber a œuvré en interne. “Chaque année, nous organisons une grande enquête sur les difficultés rencontrées par les travailleurs et les améliorations possibles”, poursuit la dirigeante, qui entreprend chaque année “un tour de France des chauffeurs Uber”. Implanté dans l’Hexagone depuis 2011, la multinationale américaine compte 5 millions de clients pour 30 000 chauffeur⸱se⸱s. “Sur le plan institutionnel, la France est le pays qui a le plus œuvré pour la protection des salariés des plateformes.” Déjà en 2016, la loi El Khomri prévoyait l’obligation pour les applications de cofinancer l’assurance contre les accidents du travail de leurs employé⸱e⸱s.
Difficile de convaincre
Mais malgré ces avancées, Uber peine à convaincre les salarié⸱e⸱s de s’emparer du dialogue social. “Les dernières élections de représentants ont eu un score de participation très faible, à peine 4%”, déplore Laureline Serieys. A contrario, ils sont 18% à répondre aux enquêtes annuelles. Ce détachement s’explique notamment par le caractère “très nouveau” de ces concertations, pour les chauffeu⸱r⸱se⸱s comme pour les plateformes. “A nous de leur montrer l’importance de ces échanges.” La crainte des travailleu⸱r⸱se⸱s de voir leur statut requalifié en “salariat” alimente également le désintérêt. “En 2021, 89% des chauffeurs VTC consultés ont fait le choix de cette activité pour l’indépendance qu’elle procure”, conclut la cheffe d’entreprise.
Juliette Pommier