Alors que les obsèques d’Elizabeth II sont suivies en direct par des millions de personnes à travers le globe, tout le monde ne pleure pas la mort de la reine. Son décès ravive un débat sensible notamment sur son rôle comme chef d’Etat durant la domination britannique.

À la naissance d’Elizabeth en 1926, l’Empire britannique s’étend sur six continents. Au cours de son règne, qui a commencé en 1952, la plupart des pays parmi les 56 qui composent le Commonwealth ont obtenu leur indépendance. Dont beaucoup de nations du continent africain comme le Ghana, le Kenya ou le Nigeria.
Le jour du décès de son père, Elizabeth II est alors en voyage sur le continent africain, son règne commence dans une colonie. Sur ce continent qui panse encore les plaies du colonialisme les réactions divergent depuis le décès d’Elizabeth II.
« Nous ne pleurons pas la mort d’Elizabeth »
En Afrique du Sud notamment, les réactions sont partagées, entre le président Cyril Ramaphosa qui a déploré le décès d’une figure « extraordinaire » et une partie de la jeunesse qui refuse de la célébrer. Tel que le parti de la gauche radicale sud-africaine, les « Combattants pour la liberté économique » (EFF). Dans un communiqué publié le 8 septembre, il écrit : « Nous ne pleurons pas la mort d’Elizabeth, car pour nous, sa mort est le rappel d’une période très tragique de l’histoire de ce pays et de l’Afrique ». « Durant ses 70 ans de règne, elle n’a jamais reconnu les atrocités que sa famille a infligées aux peuples que la Grande-Bretagne a envahi à travers le monde », a ajouté le parti, faisant référence notamment au commerce des esclaves et au colonialisme.
Des positions floues de la part d’Elizabeth II
Dans quelle mesure les critiques sur la souveraine et la colonisation sont-elles justifiées ? Son début de règne est marqué par la violence et les mouvements décoloniaux en Afrique. Mais fidèle à sa neutralité royale, la reine ne se positionne jamais et ne s’est jamais excusée pour les violences des colonies. Son rôle a toujours été de jouer les ambassadrices pour le Commonwealth. Le seul moment où elle donnera un avis concernera l’apartheid en Afrique du Sud. Contre l’avis de sa première ministre Margaret Thatcher, elle se prononcera contre le régime raciste sud-africain.
Malgré ces positions incertaines, son silence sur ces questions lui vaudra des commentaires et sentiments amers sur le continent africain, partagé aussi dans les autres pays du commonwealth. En Australie notamment, une sénatrice autochtone a prêté serrement en août dernier en qualifiant la reine de «colonisatrice».