Les Britanniques viennent de passer une dizaine de jours hors du temps, tous unis derrière la famille royale suite au décès d’Elizabeth II. Mais le retour à la vie quotidienne risque d’être brutal, tant la situation économique du pays est en difficulté.

Les premiers jours du mandat de la première ministre Liz Truss devaient être consacrés à l’annonce d’importantes mesures pour lutter contre l’inflation qui touche le Royaume-Uni depuis plusieurs mois. La disparition d’Elizabeth II le 8 septembre a quelque peu changé le calendrier.
L’inflation touche toute l’Europe, et le Royaume-Uni n’y échappe pas. En juillet 2022, les prix à la consommation ont augmenté de 10,1% sur un an, du jamais-vu depuis 1982 outre-Manche (+6,1% en France). Un chiffre porté par les denrées alimentaires « en particulier les produits de boulangerie, les produits laitiers, la viande et les légumes », d’après l’économiste en chef de l’office national des statistiques (ONS) Grant Fitzner. En août, ce chiffre a légèrement baissé pour atteindre 9,9%, ce qui reste le plus haut des dix pays les plus riches de la planète.
Pire encore, la banque d’Angleterre craignait en août que l’inflation continue sa hausse, pour atteindre 13% en octobre, en raison d’une augmentation annoncée des tarifs de l’énergie. Les annonces de la nouvelle première ministre deux jours après son investiture auraient pu permettre de voir ce chiffre diminuer.
Le gel des factures d’électricité repoussé
Sauf que la mesure-phare annoncée par Liz Truss quelques heures avant le décès de la reine, à savoir le gel des prix de l’énergie pour les particuliers pendant deux ans, ne verra sûrement pas le jour au premier octobre, comme prévu. En raison de la période de deuil, l’évaluation du projet de loi (estimé à 150 milliards de livres, soit 170 milliards d’euros) par le Parlement a été décalé.

La mort de la reine risque également de coûter cher à l’économie britannique de manière plus directe. Les nombreux jours fériés depuis le 8 septembre représenteraient un manque à gagner qui pourrait atteindre 6 milliards de livres (soit 6,84 milliards d’euros). La seule journée du 19 septembre pourrait elle aussi fortement affecter l’économie, une grande partie du Royaume-Uni tournant à l’arrêt : la bourse est fermée toute la journée, ainsi que les cinémas. A l’hôpital, les opérations non urgentes ont été reportées, et les banques alimentaires restent portes closes.
Rien que pour la cérémonie en elle-même, certains parlent des « funérailles les plus chères de l’histoire », même si aucun chiffre n’a encore été communiqué. La facture devrait être bien supérieure à celle des obsèques de Lady Di, qui avaient coûté 10 milliards de livres en 1997.
L’ombre de la récession plane
Tous ces facteurs devraient impacter le PIB britannique, qui avait déjà diminué en raison du jubilé de la reine, au mois de juin. Goldman Sachs table sur une croissance en baisse de 0,6% au troisième trimestre 2022, qui plongerait automatiquement le pays en récession, le PIB ayant déjà baissé au deuxième trimestre.
Même si les funérailles d’Elizabeth II auront un impact positif en terme de tourisme, les hôtels londoniens affichant complets, elles devraient faire plus de mal que de bien à l’économie britannique, qui n’avait décidément pas besoin de ça.
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