Ce lundi 19 septembre est marqué par les funérailles de la reine Élizabeth II à Londres. En France aussi, plusieurs cérémonies d’hommage sont organisées. Un paradoxe pour un pays ayant aboli la monarchie en 1792.

Une Tour Eiffel éteinte et des drapeaux français en berne, caractéristiques d’un véritable deuil national. Et pourtant, c’est bien la commémoration d’une monarque étrangère qui est célébrée dans notre pays : la reine Élizabeth II, décédée le 8 septembre dernier. Mais alors, comment expliquer cette fascination pour la famille royale, dans un pays profondément républicain qui a décapité son roi il y a près de 230 ans ?
Entre adoration et adulation de la famille royale
D’après une étude de la société Appinion, 6 Français sur 10 se disent affectés par la disparition de la monarque britannique. Aujourd’hui, de nombreuses cérémonies en hommage à la défunte reine sont organisées en France. C’est le cas dans la commune de Gouarec, en Bretagne, où environ 20 % des 1000 habitants est d’origine britannique. « Face à la vive émotion, c’était une évidence de faire un hommage à la reine. Pas uniquement par compassion (…), mais aussi parce qu’on partage avec eux le chagrin d’avoir perdu cette figure qui a su marquer l’histoire sur plusieurs générations. », explique le maire Jérôme Lejart. Même La Poste salue la mémoire de celle qui est restée plus de 70 ans sur le trône. Le groupe met en circulation dès aujourd’hui un carnet collector de quatre timbres à son effigie.
Une adoration ponctuée par un brin de nostalgie, d’après l’historien Jean Garrigues. « Le décorum monarchique manque aux Français », a-t-il expliqué au journal Le Point. « Si la famille royale britannique est aussi populaire en France, c’est parce qu’elle incarne justement ce pouvoir symbolique capable de rassembler tout un peuple et dont nous nous sentons orphelins », ajoute de son côté Stéphane Bern, journaliste spécialisé des têtes couronnées.
Une fronde républicaine
Malgré l’attachement de beaucoup de Français à cette royauté, de nombreux élus ont dénoncé la mise en berne des drapeaux Français, décidée par le président Emmanuel Macron. En effet, le drapeau tricolore, né sous la Révolution française, est l’emblème central de la Cinquième République. C’est le cas du maire de Bourges ex-PS Yann Galut, qui s’est insurgé sur Twitter la semaine dernière face à cette demande. « Je respecte la douleur de nos amis anglais mais je ne mettrai pas les drapeaux français sur le fronton des bâtiments municipaux de la ville de Bourges (…) cette demande me paraît incroyable. » Le maire insoumis de Faches-Thumesnil, dans le Nord, Patrick Prois, a lui clairement refusé de suivre les consignes de l’État. « Est-ce fait pour tous les chefs d’État qui décèdent ? Notre République fait-elle de la préférence pour une monarque, cheffe d’une Église ? »
Même son de cloche pour La France Insoumise, qui a dénoncé ces derniers jours l’omniprésence de l’actualité britannique dans les médias français. « Il y a un effet de saturation médiatique sur ce sujet alors qu’il y a d’autres sujets importants. Par exemple, il y a quatre personnes qui sont mortes d’accidents du travail ces derniers jours. Où est-ce qu’on en parle ? Nulle part », a déclaré le député NUPES Antoine Léaument sur C8 la semaine dernière. Selon un sondage BVA paru en 2016, seuls 17 % des Français se disaient favorables au retour d’un roi dans notre pays.
Une réponse à “Les Français et la monarchie britannique : je t’aime, moi non plus”
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