Le Royaume-Uni traverse en ce moment une profonde crise économique et sociale. Le 8 septembre, deux jours après son arrivée à la tête du gouvernement, Liz Truss, nouvelle Première ministre a dû faire face à un autre coup dur : la mort de la reine Elizabeth II.
Elizabeth II est restée dépositaire de la politique britannique jusqu’à son dernier souffle… Elle est morte, le 8 septembre, deux jours après l’arrivée de Liz Truss au poste de Première ministre… lui laissant entre les mains un Royaume-Uni embourbé dans une épaisse crise économique et politique.
L’ancienne ministre des Affaires étrangères est arrivée à la tête du gouvernement britannique suite à la démission de son prédécesseur, Boris Johnson, après le Party Gate. La reine Elisabeth II l’a officiellement nommée Première ministre le 6 septembre 2022. Pour la première fois depuis 1907, l’intronisation a eu lieu hors de Buckingham Palace et de Londres, au château de Balmoral, résidence d’été de la souveraine.
Liz Truss hérite d’une situation politique complexe
Si le Royaume-Uni est tourmenté par la mort de sa reine, il l’est aussi par la santé économique du pays : Brexit, crise sanitaire avec le Covid, crise énergétique, inflation galopante… Cette dernière atteint les 8,6 % au mois d’août d’après l’Office for National Statistics (l’équivalent de l’Insee outre-Manche), un niveau jamais égalé depuis le début des années 1990.

La crise économique se transforme depuis peu en crise sociale, avec une vague massive de grèves contre l’inflation à la fin de l’été. Les médias britanniques comparent ce contexte avec celui de l’arrivée de Margaret Thatcher. Elle avait réussi à redresser la barque. Liz Truss réussira-t-elle le même tour de force ?
« Je suis convaincue qu’ensemble, nous pouvons surmonter la tempête et reconstruire notre économie. »
Liz Truss, lors du discours devant le 10 Downing Street, le 6 septembre 2022, jour de son intronisation
C’est en tout cas ce qu’elle espère, elle qui prend la Dame de fer pour exemple. Dès son premier discours en tant que Première ministre, le 6 septembre, elle indique vouloir sortir le Royaume-Uni de la « tempête ». Pour y parvenir, elle axe sa politique sur trois priorités : la situation économique avec une baisse des impôts, la crise énergétique avec une diminution des prix du carburant et la santé publique avec une réforme du NHS (National Health Service), le système de santé.
La mort de la reine a contrecarré le calendrier initial. Les funérailles terminées, il sera temps de ressortir tous les dossiers. La vie politique britannique reprendra son cours. Les premières annonces sont attendues au cours de cette semaine : plan de soutien aux entreprises face à la flambée des coûts de l’énergie mercredi et plan de réforme du NHS jeudi.
Le Royaume-Uni réuni
Pour la première fois depuis 2016, les débats houleux autour du Brexit et les affrontements entre eurosceptiques et pro-européens, les politiques britanniques se sont unis derrière une même cause. Plus que les politiques, tout un peuple s’est uni derrière sa défunte reine.
Luke McGee, journaliste spécialiste des questions européennes et britanniques sur CNN, analyse dans un article du 15 septembre : « Le décès de la Reine a créé une opportunité qui n’aurait pas pu être créée autrement. Ce moment historique a demandé de la retenue aux dirigeants britanniques, mais pourrait offrir au pays une remise à zéro bienvenue de son discours politique. »
Mais toute médaille a son revers. Samedi, le Times of India titrait l’un de ses articles : « Le décès de la reine est à la fois un défi et un soulagement pour la nouvelle Première ministre ». En effet, la mort d’Elizabeth II a par exemple poussé le gouvernement britannique à décaler l’adoption d’un plan d’aide d’urgence face à l’inflation… Ce qui pourrait bien provoquer la colère de certains à l’issue des dix jours de deuil national.