Saint-Denis : À l’approche des JO, l’Office des Sports veut inclure les handicapés psychiques


A l’approche des JO 2024, la demande des handicapés psychiques pour faire du sport augmente drastiquement. À Saint-Denis, l’Office des Sports les accompagne pour que tous trouvent leur place dans les gymnases.

Saint-Denis, gymnase La Courtille, 18h30. Comme tous soirs, les adhérents du club de muay-thai ans se réunissent pour une séance. De 10 à 13 ans, ils font pleuvoir les coups sur le sac de frappe. Parmi eux, Souhaïla, 13 ans. À première vue, cette jeune fille au visage aquilin ressemble à ses camarades. Mais sa concentration extrême, sa manière désarticulée de porter les coups et son élocution difficile laissent penser qu’elle est un peu différente. « Elle est autiste Asperger, confirme Aurélie, sa mère. Quand elle se concentre sur quelque chose, il n’y a plus que cela qui compte. »

Hyperactive, Souhaïla a donc besoin de relâcher la pression qu’elle accumule la journée. Alors, elle vient toutes les semaines. Les sourcils froncés, elle se « décharge » sur les sacs de frappe, explique Sam, son éducateur. Ce cinquantenaire œuvre pour que des enfants comme elle puisse se libérer grâce au sport. Depuis sept ans, en plus de diriger les séances de son club de muay-thai, il est le directeur de l’Office des Sports de Saint-Denis

Les sports de combat en tête

Cette association créée dans les années 60 est une sorte de fédération des clubs de sport Dionysiens. En plus de les rassembler, notamment auprès de la mairie, sa mission principale est de permettre à tous – et notamment les jeunes handicapés psychiques – d’accéder au sport. « On les accompagne en formant les éducateurs et en leur proposant dassister à des conférences sur le sujet, explique Sam. Les parents viennent nous voir et on les dirige vers des sports adaptés au handicap de leur enfant. Souvent, ce sont des sports de combat mais cela peut être aussi le basketball ou même le trampoline. » 

« C’est normal d’accepter tout le monde. Ce sont des enfants comme les autres. »

Sam Berrandou, directeur de l’Office des Sports

Dans le cas de Souhaïla, après des essais non concluants dans des sports collectifs, Aurélie s’est dirigée vers l’Office. « C’était du bouche-à-oreille, raconte-t-elle. Une amie m’avait parlé de l’association et après une rencontre avec Souhaïla, Sam nous a conseillé un sport de combat. »

Le sport par inclusion

« Pour moi, c’est normal qu’on accepte tout le monde, embraie Sam. Ce sont des enfants comme les autres, ils sont juste dans leur monde. » En ce sens, l’association œuvre pour le sport par inclusion. Alors, pas question de faire des séances spécifiques. « Le sport, ça se pratique en collectivité et avec les différences de chacun, détaille le directeur. Bien souvent, ce sont les enfants dits ‘classiques’ qui prennent eux-même soin des handicapés psychiques ».

Un constat que partage Redouane, père de la petite fille. « On avait peur de la réaction des autres enfants par rapport à Souhaïla qui peut avoir des crises de colère. Sam nous a convaincus d’essayer et au final, ce sont les enfants eux-mêmes qui nous ont prouvés qu’on aurait dû l’inscrire bien plut tôt. » Avant de se mettre au sport, la petite fille piquait des crises de colère presque quotidiennes. « Depuis, elle est bien plus épanouie, se réjouit sa mère. L’inscrire ici, ça nous a offert des moments de calme, des moments de vie ».

Office des Sports entre dans la démarche d'inclusion des handicapés.
La part des handicapés qui font du sport quotidien ne cesse d’augmenter.

Un coût très réduit pour les familles

En 2015, cinq associations dionysiennes accueillaient des enfants handicapés. Aujourd’hui, elles sont plus de 20. Et pour les familles, l’accès au sport est très abordable. Entre le Pass Sport – une aide gouvernementale de 50€ pour les enfants qui prennent une licence de sport –  et les efforts de tarifs auxquels consentent les clubs pour accueillir ces enfants, les parents n’ont donc presque plus rien à payer.

« Avec les JO 2024, on sent que les associations veulent capitaliser pour avoir plus de licenciés développe Sam. Mais la mairie ne nous aide pas. Elle a diminué de 30% les subventions sportives depuis 2020. » Depuis, l’Office n’a plus la même marge de manoeuvre. Les réserves s’amenuisent et avec elles la possibilité de former davantage d’éducateurs et de faire la promotion de l’association. Les clubs sont aussi touchés et deviennent donc moins flexibles sur leurs tarifs handicapés. Sollicité, Shems El Khalfaoui, adjoint au sport à la mairie, n’a pas donné suite.

Office des Sports a vu ses subventions baisser de 30% alors que les JO 2024 arrivent.
La mairie a lancé une campagne pour les JO 2024. Mais a baissé de 30% les subventions sportives.

Cette baisse de budget complique la tâche de l’Office, qui a ne parvient pas à convaincre de nouveaux clubs d’accueillir des handicapés psychiques. Aujourd’hui 40 des 60 associations sportives de Saint-Denis ont toujours des réserves à l’accueil de ces jeunes. « Cest vrai que pour des sports deau ou des sports qui demandent beaucoup d’attention et de maîtrise de soi comme l’escalade ou le yoga, cest plus compliqué, reconnaît Cécile Thibault, la secrétaire générale de l’association. Mais on n’accepte pas pas les ‘On ne sait pas faire’. On leur demande au moins d’essayer. » Dans 80% des cas, selon les statistiques de l’Office, l’essai se passe bien et l’enfant peut continuer. Et comme le dit Souhaïla, ils peuvent enfin pratiquer « comme les autres ».

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